La jungle, immense étendue verdoyante, où l’horizon est occulté par les immenses arbres, les branchages, les feuillages et les lianes. Dans cet espace où la nature est reine, la présence humaine est devenue comme une étrangère. Une menace guette discrètement, perchée dans les arbres, invisible, c’est le Predator.


John McTiernan est réputé pour être un des grands spécialistes du cinéma d’action, avec des films comme A la poursuite d’Octobre Rouge, Last Action Hero, les trois premiers opus de la saga Die Hard et, bien sûr, Predator. La créature qui terrorise l’unité envoyée en mission est devenue un véritable emblème au fil du temps, et elle s’est faite une place de choix dans le bestiaire de la pop culture. Il faut le dire, le film de McTiernan sent bon les eighties, avec la musique d’Alan Silvestri, l’équipe d’hommes virils à souhait, Arnold Schwarzenegger et Carl Weathers en tête, les muscles et les gros flingues, sans oublier les petites punchlines, tout est là pour un bon gros actioner couillu et musclé. On serait presque tenté de résumer Predator en disant que c’est l’histoire de soldats surentraînés et machos qui déglinguent des guerilleros avant de se faire mettre au tapis les uns après les autres par un extra-terrestre tueur. C’est une façon de résumer le film, mais qui s’avère totalement grossière et inadaptée, car le film de John McTiernan est bien plus malin que cela. Armez-vous et équipez-vous bien, on part au fin fond de la jungle !


L’intelligence de Predator, c’est de débuter comme un film d’action traditionnel dans sa structure et dans son intention, pour prendre le contre-pied du spectateur ensuite. Les protagonistes du film nous sont présentés, avec une rapide exposition de la mission qui leur est confiée, et une première demi-heure consacrée au siège d’un camp de guerilleros à coups de sulfateuse et de grenades. Jusqu’ici, Predator est dans la pure lignée du cinéma américain de l’ère Reagan, enchaînant les clichés, mais sans pour autant sombrer dans la médiocrité. Mais voilà, McTiernan est un homme qui aime casser les codes et les stéréotypes, et Predator ne fait pas exception à la règle. Les soldats, caricaturaux, sûrs d’eux, invincibles, se retrouvent surpassés par une force invisible et supérieure, les chasseurs deviennent les chassés, et la peur les brise les uns après les autres, cassant l’image que l’on se faisait d’eux pour totalement modifier leur rapport à l’intrigue, et celui du spectateur au film. McTiernan nous a bien eus, il a fait en sorte d’iconiser ses personnages pour encore mieux les briser, et l’actioner musclé devient un survival violent qui laisse au film de la place pour aborder des sujets plus profonds.


Comme dit en introduction, il est intéressant de voir comment ces hommes, modernes, dotés d’un équipement de pointe, se retrouvent comme étrangers dans une nature dont ils sont pourtant issus, malgré les nombreuses années d’évolution qu’il a fallu pour en arriver là. Ils se retrouvent pris en tenaille entre une nature sauvage et hostile, et une créature inconnue à l’équipement bien plus puissant, les mettant en position de faiblesse, et les exposant à leur propre peur, la peur originelle qui habitait l’humanité à ses origines. Une peur naturelle qui s’est atténuée avec le temps et avec l’avènement de la civilisation. La traque de Dutch (Arnold Schwarzenegger) est tout à fait représentative de ce retour aux sources, avec ce choix de délaisser son équipement pour utiliser des moyens naturels, en concevant des pièges avec des branchages, et en s’enduisant de boue. Une des scènes les plus symboliques est celle où il enflamme une torche dans la nuit, invoquant le feu, l’ « arme » qui a permis à l’humanité de franchir un pas de géant dans l’évolution et d’asseoir sa domination. Finalement, c’est dans sa capacité à conserver son instinct de survie que l’Homme subsiste et que, même s’il a considérablement évolué, il demeure plein de faiblesses.


Predator est un film d’action complet, qui joue sur les clichés pour mieux les détruire. La réussite du film doit également beaucoup à sa savante mise en scène, exposant une jungle labyrinthique, foisonnante et pleine de pièges, parvenant à suggérer la présence permanente d’une menace invisible, créant un puissant sentiment de tension. Même en filmant des arbres dans un plan fixe, McTiernan nous fait imaginer que le Predator est en train de nous regarder. Le cinéaste parvient ici à réaliser un film qui est dans la pure veine des films d’action américains des années 80, tout en donnant de la force à son récit grâce à son scénario et à sa mise en scène. Un véritable classique du cinéma d’action, une réussite de bout en bout.

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le 5 janv. 2019

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JKDZ29

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