Predator
Avant toute chose, il faut savoir que je suis têtue. Lorsque j'ai une idée en tête et bien... Elle n'est pas ailleurs. Mon idée était donc de regarder Predator.
Encouragée plus que vivement par un ami il y a quelques années, je m'étais endormie lamentablement sur son canapé alors que l'équipe de sauvetage débarque dans la jungle, à savoir au bout d'une quinzaine de minutes. Pour la défense du film, il était tard et j'étais fatiguée. Ayant donc décidé de mettre un terme à mon ignorance hier, je prenais donc les devant et lançais le film de bonne heure. Sauf qu'après trois quart d'heure, mes paupières se firent tellement lourdes qu'un paquet d'allumette n'aurait pas suffit à les maintenir ouvertes. Ce midi, j'accusais de nouveaux la fatigue d'une longue semaine de travail et reprenais le film où je l'avais laissé. Peine perdue. Une demi heure plus tard, rebelote, les yeux qui se ferment.
Il m'a fallut m'y reprendre à quatre reprises au total pour voir Predator en entier. Irais je jusqu'à dire qu'il fut pour moi un véritable somnifère ?
Non, n'exagérons rien.
Mais avec tout le remue ménage que l'on fait autour de ce Grand film d'horreur, de ce Classique du genre, et bien j'étais quand même en droit de m'attendre à mieux.
En guise de film d'horreur, Predator commence comme un film de guerre, avec gros bras gonflés à dieu sait quoi et armes de guerre qui vont avec, le tout en mission de "sauvetage" au milieux de la jungle. C'est une entrée en matière comme une autre me direz vous, un moyen de planter le décor et les personnages... Oui, mais pendant presque une heure ? Soit plus de la moitié du film ?
Les films de guerre sont un genre que je respecte, mais qui très franchement touche rarement l'âme sensible en moi. Ils me laissent souvent de glace et lorsque l'on s'attend à un film d'horreur, on court le risque d'être déçu (et de s'endormir comme une loque dans mon cas.).
Néanmoins, après avoir passé une heure à nous montrer que l'homme est un prédateur pour l'homme, qu'il n'a nul besoin d'aliens pour se faire des choses horribles et se tuer à tout va, cette chère grosse bêbête se décide à prendre une part plus conséquente dans le film qui peut alors rentrer, il était temps, dans quelque chose de plus horrifique. La traque commence, l'incrédulité arrivent, les pièges se mettent en place et le film commence à bien porter son nom.
Malgré cela, la sauce peine à prendre et mis à part la scène ou le vilain prédateur manque de se retrouver piéger dans le filet, nul sursaut, nul montée d'adrénaline, nul angoisse, même avec un monstre intelligent en mode camouflage dans un environnement plein de dangers.
La faute aux acteurs ? Non. Malgré mes réticences vis à vis d'Arnold, je dois confesser qu'il tient plutôt bien son rôle et que son personnage n'est pas inintéressant. Pas de quoi sauter au plafond, certes, mais j'ai finis par oublier les biceps et l'apprécier sincèrement. Le reste de la troupe est également bien dans ses baskets et aucun faux pas n'est à déclarer.
Les décors sont plutôt appropriés pour ce type de film et la chaleur étouffante d'une jungle luxuriante se prête à merveille au film.
La musique de Silvestri est impeccable, rien à redire la dessus non plus.
Non, le problème vient de l'absence total de suspens et de tension. On a bien un peu de colère, on évoque vaguement la peur, mais rien de bien méchant. Au final donc, si la troupe est traquée, ce que l'on voit, ce sont des GI Joe partant en guerre. On aimerait les faire passer pour des victimes potentiels, tous en danger, en sursit, mais on nous les montre systématiquement en mode attaque, bardés d'armes et de tactiques. Et comme je l'ai dis précédemment, les films de guerre, moi, ça me laisse indifférente.
Le dernier quart d'heure cependant, relève le niveau. Notre héros se retrouve seul, avec ses muscles qui ne lui servent pas à grand chose et sans ses joujous, face à la créature. Là, enfin, le film développe un peu de suspens. Pas de quoi nous faire sauter au plafond au moindre Bouh ! Mais quelque chose de sympas, qui s'éloigne de la guerre et se rapproche de la chasse. Hors la chasse possède quand même un plus grand potentiel frissonnant.
Dans la guerre, vous avez 80% de chance de mourrir. 40% si vous êtes un gros balèze hyper armé. La mort viendra vraisemblablement d'une arme à distance, fusil ou bombe, qui vous tuera rapidement dans une grande partie des cas.
Dans la chasse, c'est 50/50. Pas besoin d'armes ou de gros muscles si vous savez bien vous planquer ou traquer. Le cerveau avant tout ! Et ce qui touche au cerveau, souvent, à de plus grande chance d'activer la matière grise du spectateur d'une bombe, et donc de le faire vibrer. De plus si dans la chasse vous avez également de grande chance de mourrir par balle (ne nous leurrons pas), la chose est plus délicate, plus intime. On ne cherche pas bêtement à tirer au hasard pour tuer. Une relation naît entre le chasseur et la proie, et c'est ce qui vous prend aux tripes !
D'ailleurs, Predator a bien sentit qu'il fallait exploiter ce côté de la chasse. Une chasse sportive, où le but est de connaître, de comprendre l'autre pour en arriver à la mise à mort. On ne tire pas au bazooka sur une mouche, on traque, on pense, on imagine.
Et honnêtement, ce quart d'heure final relève agréablement le niveau du film en nous offrant un face à face entre un vrai héros et un vrai monstre, tout deux jouant au même jeu destructeur, tout deux animés par quelque chose de plus "sport" qu'une tuerie (sans quoi la bête s'en prendrait également aux désarmés ou désinguerait Shwarzi à la sortie du bain. Lui quant à lui, achèverait simplement son adversaire au lieux de renoncer lorsqu'il le voit sans défense).
Je conclurai donc en disant que si Predator est un film honnête avec quelques atouts techniques et un bon final, il est bien loin de pouvoir rivaliser avec de grands films d'horreur. Le concept est plutôt intéressant -quoi qu'il manque de fond, d'explications sur la présence de Predy- et aurait put donner naissance à un rival d'Alien, mais en privilégiant le côté biscotos et gros calibres au détriment de la tension et du suspens, ses créateurs sont passés à côté de quelque chose. Predator est un film qui se regarde les neurones déconnectés ou avec des potes devant une pizza, mais dont les mérites sont probablement un peu exagérés.