Alien City

Je m'installe dans un des fauteuils elimés de la plus petite salle des trois que compte, à l'époque, le cinéma.
Très peu de spectateurs, en me comptant, peut-être 8 ou 9. Le film n'étant à l'affiche que depuis quelques jours, je me demande si j'ai bien fait de choisir celui-ci.
Derrière moi, alors que le rideau est toujours sur l'écran et la salle allumée, je reconnais deux voix qui chuchotent. Un pote et son frère aîné, pote du mien. Je les rejoins.
_ Bizarre quand même, dit le grand, y a personne.
_ Ouais, approuve le plus jeune, et puis on est dans la p'tite salle. Pour un Schwarzie c'est pas normal...
Moi, un brin rigolard.
_ Bah y a pas Schwarzie dans çui-là...
Je lis surprise, incompréhension et même un peu de panique dans leurs regards.
_ Pas possible, contredit le grand, c'est Predator 2, doit y avoir Arnold !
_ Non non, là c' est Danny Glover apparemment... Et un prédator !
Et oui, ces cons s'étaient fait avoir par le titre, qui ne mentait pourtant pas, persuadés qu'une franchise se dessinant ne pouvait qu'être associée à son acteur star. Mais la vedette dans Prédator, c'est bien la creature extra-terrestre.

En tout cas, c'est la ruse des scénaristes pour commencer à cacher un budget plus limité que prévu. Et le fait que les effets spéciaux vont en bouffer une partie assez conséquente. Après tout Arnie avait déjà vaincu Son prédator.

Donc exit Schwarzenegger et ses barbouzes de la jungle et bienvenue à Danny Glover et sa brigade de police.
Car l'action se transpose également, quittant la moiteur de la jungle sud-américaine, pour la chaleur d'une jungle de béton cette fois-ci. Le béton d'une cité des anges sous-tension, aux prises avec une violence des gangs de la rue jamais atteinte. C'est dans ce contexte que luttent Danny et ses hommes contre le crime. Et durant une intervention musclé, ils ont leur premier contact avec le prédator. D'abord, comme dans le premier film, présence invisible, qui observe et agit dans l'ombre, semblant chasser le même ennemi que les flics. Mais le prédator a des principes auxquels il tient. Il chasse qui lui semble digne d'être chassé, et ne tarde pas à s'intéresser au groupe de choc de Danny "je suis trop vieux pour ces conneries" Glover. Lui, prend peu à peu conscience de ce qui se trouve face à lui. Jusqu'à la rencontre avec un groupe gouvernemental (résurgence du premier film établissant un lien avec celui-ci) dirigé par Gary Busey, toujours délicieusement cabotineur. Confirmant ses doutes, cette rencontre le lance sur les traces de son ennemi implacable, jusqu'au duel final.

Évidemment, il convient, même si ça s'avère compliqué, de ne pas trop comparer cette suite à son illustre prédécesseur. Les moyens ne sont pas les mêmes, et McTiernan, à l'instar de sa star, n'est pas revenu.
Si Stephen Hopkins ne démérite pas forcément, il livre néanmoins un film inégal et régulièrement fouillis, notamment lors des fusillades et scènes d'action. Dommageable pour le genre. Au vu de la suite de sa carrière, allant du très mauvais au film sympa sans plus, rien de surprenant. D'autres défauts (humour malvenu, dialogues simplistes... Et une vf vraiment abominable) empêchent le film de dépasser son statut de série B.

Ceci étant dit, la série B peut vous faire prendre un pied terrible, et ce fut le cas pour moi. Rapidement, je mis de côté l'amour que je porte au film inaugural, me rendant compte que la qualité de ce que je voyais n'en atteindrait pas la cheville.
Film violent et assez court possédant un final surprenant et asseyant la création de la franchise à venir (outre les Aliens vs Predator), cette suite se déguste avec pop-corn et plaisir (coupable ?).