Oscarisé pour le scénario de «La liste de Schindler», Steven Zaillian passe pour la deuxième fois derrière la caméra avec un trop banal film de procès, basé sur une histoire vraie.
Comme «La liste de Schindler», «Préjudice» relate le parcours d'un homme propulsé héros national malgré lui. Jan Schlichtmann (John Travolta) est un avocat brillant qui gère un cabinet ne s'intéressant qu'aux affaires qui peuvent lui rapporter gros. De ce fait, il part dans la petite ville de Woburn pour refuser de représenter un groupe de parents dont les enfants ont étrangement contracté la leucémie. Sur le chemin du retour, il s'arrête sur un pont et constate que deux grosses usines bordent la rivière qui fournit l'eau potable à la ville. Il se dit alors qu'il y a là peut-être de quoi toucher le gros lot. Il accepte donc l'affaire. Au fur et à mesure de son enquête, il se rapproche de ces familles et constate qu'il se bat contre Goliath. Il s'enfonce dans ce cas jusqu'à la ruine, car il prend à sa charge toutes les analyses scientifiques onéreuses. Il perd la confiance de ses associés et se retrouve seul face à son puissant ennemi.
Schlichtmann et Schindler n'ont pas que les trois premières lettres de leurs patronymes en commun. Tous deux sont des personnages arrogants et cupides qui ne vivent que pour le dieu dollar. Puis un événement (la découverte d'enfants malades à cause de la stupidité industrielle pour Schlichtmann et l'extermination systématique des Juifs par les Nazis pour Schindler) les remet en question. Enfin, ils ne consacrent tout leur temps qu'à combattre l'injustice : ils se purifient. Est-ce alors un hasard que ce soit le scénariste du film de Spielberg qui réalise «Préjudice» ? Il semblerait que Monsieur Zaillian soit passionné par les destins édifiants.
Malheureusement, son deuxième long métrage ne sort jamais des clichés du banal film de procès cher aux Américains. Restent une excellente partition de Danny Elfman et une interprétation sans faille avec une mention à William H. Macy et au grand Robert Duvall.