La science-fiction est un genre vaste, riche et d’une variété de thèmes, d’intrigues et d’univers sans limites. De nombreux auteurs du XXe comme Phillip K Dick, Iain Banks ou encore Ursula Leguin ont écrit des ouvrages remarquables, proposant des récits passionnants couplés à une volonté inébranlable d’explorer le visage de l’être humain à travers une multitudes de questionnements philosophiques, psychologiques, sociaux et autre.
Cette science-fiction introspective, plus proche de la science que de la fiction, n’est malheureusement pas des plus présentes au sein du monde cruel et intransigeant du cinéma à gros budget.
Dans un contexte de blockbusters de SF toujours plus décomplexées et toujours plus orientés vers l’action au détriment de la réflexion, The Arrival représente un peu le messie que je n’attendais plus : un film capable de renouer avec la Science-fiction spéculative, avec la science-fiction humaine, avec la Science-fiction des idées, tout en s’ouvrant à un large public et en évitant les gaucheries pompeuses.
Et c’est une réussite.


The Arrival, c’est l’histoire d’un premier contact avec une espèce extra-terrestre. Des doutes, des peurs et des espoirs qu’une telle chose peut susciter au sein d’une société humaine moribonde, belliqueuse et en manque de repères.
The Arrival, c’est l’histoire d’une idée ambitieuse et intrigante : comprendre la pensée et la perception du monde qui nous entoure à travers le prisme du langage.

Mais The Arrival, c’est avant tout une histoire à échelle humaine, les tribulations d’une linguiste qui va se retrouver au cœur d’évènements extraordinaires qui vont la redéfinir en tant qu’individu.
Car avant d’être un film d’invasion extra-terrestre et de premier contact, The Arrival est un film qui nous fait vivre un évènement incroyable sous le regard humble et démunie d’une simple civile : Louise Banks.


Anti-spectaculaire au possible, l’ensemble du film gravite autour de cette femme brisée et fragile qui aura la lourde tâche d’apprendre le langage extra-terrestre afin d’établir une communication avec les occupants de l’un des 12 vaisseaux.
Dès sa brillante et fantastique introduction, le film s’attache à nous offrir le point de vue de Louise et de l’impact de l’arrivée des vaisseaux sur son monde : des foules amassées devant des écrans, un amphithéâtre déserté, une circulation automobile lacunaire et propice aux accidents, le passage régulier d’avions de chasse, et des émissions télés complètement abasourdies par l’ampleur de l’évènement, l’introduction se révèle habile et astucieuse dans son déroulement.
Elle définit efficacement le ton et l’ambiance du film.


Le film va suivre la quête surhumaine de Louise et aborder avec justesse l’ensemble de ses réussites, de ses échecs mais également de ses relations avec ses congénères, de sa compréhension de la mystérieuse race des Heptapodes ainsi que de sa relation avec sa fille, Hannah.
Une relation qui se trouve au cœur des interrogations philosophiques du film.
Le film se révèle être un véritable récit ambitieux sur le contact, la création d’un dialogue entre deux cultures radicalement différentes et l'apprentissage. A travers cela, l’idée selon laquelle, notre perception du monde est façonnée par la langue que l’on parle et ici poussée à son paroxysme.


Pour accompagner de manière subtile un propos des plus accrocheurs, Denis Villeneuve offre une réalisation des plus majestueuses.
Si je trouvais Sicario absolument sublime, à la fois dans sa photographie, son rythme, son montage et son jeu d’acteurs, The Arrival s’impose comme le nouveau point d’orgue du réalisateur. Sa patte si singulière, impossible à correctement définir magnifie une histoire passionnante aux multiples métaphores et une galerie de personnages perfectibles mais toujours terriblement humains.


Et avec cela, un travail remarquable du compositeur Jóhann Jóhannsson, à la fois complexe et mélodieux qui épouse avec brio les images du film.
Mieux que ça, la musique illustre si bien l’image qu’il en devient inacceptable de dissocier les deux. Une composition sonore exemplaire qui souligne le caractère unique et sensorielle de l’association entre Villeneuve et Jóhannsson.


Que dire de plus sur The Arrival ?
Porté par une réalisation méticuleuse et atmosphérique, une photographie belle à s’en décoller la rétine ainsi qu'une Amy Adams au sommet, le film présente une ambiance poétique et un propos intelligent qui évite le gouffre de la prétention et de la maladresse grossière.
A la fois étourdissant devant l’ampleur des évènements ainsi que le gigantisme des vaisseaux et si modeste dans ses personnages, The Arrival est un film chargé d’émotions qui restitue à merveille l’accomplissement d’une simple personne pris dans une situation capable de bouleverser la compréhension de l’être humain.
Une œuvre poignante, touchante, humaine qui s’impose comme la digne héritière d’une Science-fiction humaniste et résolument tournée vers la réflexion et l’émotion.


En deux mots : une Baffe.

Asarkias
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le 14 mars 2017

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Asarkias

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