Critique sans spoiler

Regarder un film de Villeneuve se fait toujours avec une légère appréhension.
Suis-je suffisamment en forme ce soir pour capter la symbolique du film ? Vais-je comprendre toutes les métaphores ? L'intrigue va elle rester opaque jusqu'au générique ? Cela ne vous aura pas échappé : le cinéaste touche à tout s'essaie au film de petits gris et plus spécifiquement au genre très particulier du premier contact.

Alors autant vous prévenir tout de suite : Villeneuve fait dans l'originalité dans son traitement. Pas de pathos à la Zemeckis (Contact), pas d'explosions nanardesques et jouissives à la Emmerich (Independance Day) mais une grande place accordée à l'émerveillement, à la curiosité mais aussi à l'introspection.
Car ce que développe le film, par le biais d'une mise en abîme très pertinente, c'est notre rapport au langage et ses incidences sur notre perception du monde et les complexités relationnelles qui en découlent.
Comme d'habitude avec Villeneuve, l'écriture est aux petits oignons : le scénario est très bien ficelé et malin, entremêlant habillement intimité et enjeux à l'échelle de l'Humanité toute entière, le tout avec une justesse confondante. Le film est d'ailleurs porté par un duo d'interprètes principaux tout simplement remarquables (Amy Adams et Jeremy Renner).

Visuellement le film déboîte, à l'image de ce plan séquence d'introduction en hélicoptère, pictural et complètement maboul. De nombreuses autres petites idées malignes (que je ne "divulgacherai" pas ici) viendront gâter une rétine rarement lésée par le cinéaste.

Enfin, la bande son de Johann Johannsson accompagne à merveille les images, tirant probablement quelques motifs et sonorité dans les bandes originales de Valse avec Bashir et Utopia (en beaucoup plus assagi).

Voilà, c'est terrible, j'aimerai partager beaucoup plus de choses avec vous mais je refuse de gâcher le plaisir de la découverte.

PS : Pour ceux que ça inquiéterait, sachez que c'est beaucoup plus accessible que Enemy.