Quand Denis Villeneuve expérimente la science-fiction

Quel film !! Aussi étonnant que risqué, effrayant que touchant, Premier contact est la première science-fiction de Denis Villeneuve, habitué à des trames plus dramatiques et psychologiques. On peut se dire, "oh non, encore un film hollywoodien avec des extra-terrestres..." mais la prise de risque est telle et si bien assumée qu'on en oublie le côté déjà-vu et qu'on se laisse fasciner par cette intrigue mystérieuse aux enjeux planétaires importants, basée sur la première rencontre d'une autre espèce, dotée d'une manière de penser opposée à la nôtre et d'un langage diamétralement inconnu. L'enjeu principal du film se joue sur le langage et comment rentrer en communication avec les extra-terrestres sans avoir recours à la violence ou à la peur de façon immédiate. Le processus est long et laborieux, on aurait pu s'ennuyer mais c'est si bien raconté et interprété qu'on en oublie notre soif impérative d'action et de rebondissements ! La réalisation est sublimée par une équipe perfectionniste, rentrant en parfaite logique les uns avec les autres, entre le chef décorateur qui s'est chargé d'inventer cet autre langage et designer ces extra-terrestres, le chef opérateur qui a su définir un univers visuel fort et étrange, et le compositeur Johann Johannsson qui dessine à la perfection une ambiance effrayante. Amy Adams et Jeremy Renner, acteurs que je ne porte pas très haut dans mon cœur d'habitude, forme un duo complémentaire et brillant et l'actrice signe sans nul doute l'une de ses plus belles performances dans ce rôle d'une linguiste aux ressources et aux savoirs enivrants ! Premier contact est un film remarquablement intelligent et au combien soigné par une esthétique étonnante et inattendue. Donc non, Premier contact n'est pas le successeur copier-coller de Rencontre du troisième type ou Prometheus ; il se distingue par sa prise de risque importante car les codes traditionnels sont détournés, revisités, le montage alambiqué nous prend par surprise et le nœud de l'intrigue centré sur la communication nous fait poser la question autrement, dans un autre contexte plus proche de nous.