On a vu ce film en famille, notamment avec mon fils aîné qui est précisément en première année des études de médecine.
On a passé un bon moment, c'est vrai, même si c’est pas très rassurant d'avoir un fils là dedans... Mais bon pour l'instant, il le vit bien, et il ne pète pas les plombs comme le personnage d'Antoine.
Thomas Lilti s'est inspiré de son propre parcours d'étudiant en médecine pour faire ce film.
Il est allé tourner sur les lieux mêmes de la fac de médecine et a engagé comme figurants de vrais étudiants en médecine, donc le film est plus vrai que vrai, même si d'après mon fils quelques éléments ont changé ces dernières années.
Il parait que l’envahissement de l'ampli par les deuxième années (pour faire chanter au prof une chanson paillarde) ne se fait presque plus, et que la séance du choix des spécialités post-concours a été abandonnée.
De plus, le recours aux classes prépas privée est monnaie courante et constitue un facteur clé de réussite. C'est un facteur d'inégalité sociale frappant, qui est totalement occulté dans le film, sans doute car trop complexe à filmer et qui aurait peu être brouillé les pistes du scénario.
Mais bon, ce sont des détails. l’essentiel reste véridique : la PACES est un long marathon de 10 mois où on doit absorber des cours plus que de raison, arriver en avance aux cours pour avoir de la place, sacrifier sa vie personnelle à ses études etc.
Vincent Lacoste est toujours aussi craquant avec ses cheveux en bataille, son joli sourire et son air bougon parfois. Et en plus, il a retrouvé son pote des Beaux gosses, donc c'est parfait.
D'ailleurs, la complicité folle des deux acteurs est un atout indéniable.
Il s'agit du troisième volet de la trilogie de Thomas Lilti consacré à la médecine. J'ai vu les trois et je dois avouer que les trois m'ont beaucoup plu.
Le premier volet, Hippocrate compte le cheminement d'un interne en médecine (toujours interprété par le fameux Vincent Lacoste), stagiaire dans un service hospitalier et fils du chef de service, qui remettait en cause sa pratique et même son engagement à devenir médecin, au contact notamment d'un autre interne médecin étranger (Reda Kateb, toujours aussi brillant).
C'est un film très fort, sans concessions, montrant la dure réalité du personnel hospitalier face à la difficulté du métier (les responsabilités importantes, annoncer la mort aux proches etc), face au manque de moyens, confronté à la hiérarchie pesante (embourbée elle-même dans des décisions difficiles imposées de plus haut), et en proie à des conditions de travail éprouvantes (en particulier l'alternance des gardes de nuit et des heures de service le jour, qui épuise les forces mentales et physiques).
Dans le deuxième volet, Médecin de campagne, on suit un médecin de campagne, interprété par le toujours aussi brillant François Cluzet et sa remplaçante (Marianne Denicourt).
C'est un film humaniste, qui plaide pour un médecine de proximité, réellement à l’écoute des patients et qui prend son temps pour les comprendre et les soigner.
Ce dernier volet n'oublie pas ce côté humaniste cher à ce réalisateur.
Il y a des détails très intéressants, en ce qui concerne la relation entre les deux amis : mélange de grande fraternité, complicité et de jalousie.
Les milieux d’origine des deux compères sont bien dépeints, ainsi que leurs relations avec leur familles. qui comptent tant à cet âgé.
On suit la déception de Benjamin quand son père ne vient pas fêter sa réussite au concours. Ce père si brillant, chirurgien viscéral, donc un exemple pour lui, mais un père assez froid, en tout cas jugeant et très exigeant finalement.
De l'autre côté, Antoine a des parents qui s'inquiètent légitimement pour lui, qui essayent de maintenir un lien, mais qui se font blackbouler par leur fils, victime malheureuse de ce système qui apparaît plus comme une machine à broyer les vocations qu'un instrument intelligent de sélection.
Il y a aussi cette jeune fille asiatique qui habite dans une chambre de bonne au même étage que celle où réside Benjamin. Possibilité ou temps pour l'amour ? non les études accaparent trop.
Les personnes secondaires sont toujours très bien traités chez Tilti, jamais oubliés.
Chaque détail compte et c'est ce qui fait la saveur de ce cinéma intimiste, profondément humain, qui me fait penser un peu à celui de Philippe Faucon : l'aspect ethnographique aussi, sans doute et le côté "critique du système" à travers les parcours singuliers d’individus.
On sent à travers eux la critique soit d'une société qui exclut, soit d'un système qui a tendance à écraser les individus par son organisation froide, son exigence incommensurable et sans doute aussi sa logique excluante qui privilégie les enfants "du milieu" ou les gosses de riches.
La morale commune à tous ces films est qu'avec la solidarité, on s'en sort malgré tout !
Une belle leçon d'optimisme.