Lilti est un ancien médecin devenu cinéaste et c’est certainement grâce à cela que ses deux précédents long-métrages respiraient autant le vrai. En partie autobiographiques, ils s’inspiraient du propre vécu de leur auteur pour nous plonger dans les milieux méconnus. Le plus réussi, « Hippocrate », nous contait l’internat de jeunes diplômés en médecine dans un grand hôpital parisien quand « Médecin de campagne » nous invitait à connaître le dur quotidien des rares médecins en territoire rural, de manière un peu trop scolaire mais néanmoins sincère et intéressante. Avec « Première année », Lilti entend faire revivre au spectateur, par le biais de ses propres souvenirs, de ce qu’il a pu observer mais aussi avec une part de fiction, ce qu’est une année de prépa en médecine, la plus redoutée et sélective : la première année. L’objectif n’est atteint qu’à moitié mais d’une manière si attendue et conformiste que cela en devient gênant.
Le script du cinéaste est bien trop sage et ne nous apprend finalement rien que l’on ne sache déjà sur cette difficile première année de médecine avec son concours, ses révisions qui n’en finissent pas et ses amphis blindés. Tout est lisse, attendu et, au final, un tantinet ennuyant. Si ce que l’on voit dans « Première année » ne nous surprend jamais, on est au contraire plus étonnés de ne pas voir des passages obligés comme le bizutage à l’écran. Et de la même manière, si on le droit à de nombreuses scènes de révision, on ne voit que très peu les familles respectives des deux protagonistes. De deux choses l’une : soit Lilti faisait l’impasse sur cet aspect de la psychologie de ses personnages pour se focaliser sur leurs études, soit il prenait plus de temps pour que l’on fasse connaissance avec chacune d’elles. Là il est dans un entre-deux dommageable et frustrant. On a constamment l’impression que son film tire à la ligne et ne sait pas vraiment comment traiter son sujet, voire qu’il le survole.
Il manque d’un peu d’humour à ce « Première année » également. Avec deux jeunes acteurs prometteurs comme Vincent Lacoste et William Lebghil, pourtant peu avares en drôlerie dans leurs précédents films, il y avait de quoi ; surtout sur un sujet comme celui-là. Quant à l’émotion, elle ne parvient jamais à nous, même dans une scène où l’un des personnages pleure l’absence de son père à ses résultats positifs au concours, une scène qui semble un peu hors sujet pour les raisons citées plus haut. Mais ce qui finit de rendre ce troisième long-métrage en dessous de ce à quoi nous avait habitué le réalisateur, c’est cette fin totalement improbable que n’importe quel spectateur réfléchi et objectif ne pourra croire plausible. Dans tous les cas, c’est une petite déception à laquelle nous avons affaire ici, un film quelconque et anecdotique qui nous laisse sur notre faim et ne rend pas assez compte de la dureté de cette sélection dans les études pour devenir médecin. C’est vite vu et aussi vite oublié malheureusement.
Plus de critiques cinéma sur ma page Facebook Ciné Ma Passion.