Adaptant pour la première (mais pas dernière) fois Graham Greene, Carol Reed livre une variation intéressante sur l'une des ressources les plus abondantes sur cette planète, le mensonge, aussi utile qu'évitable, aussi nécessaire que dramatique. C'est le petit Philippe qui en fait ici l'expérience, à un âge où les adultes le bombardent de bobards et lui demandent de garder des secrets auxquels il ne pige rien. Quelle conduite adopter, dès lors, quand on veut à tout prix épargner un sort peu enviable à son majordome préféré, quand les uns vous disent qu'il faut mentir alors que les autres vous chantent les vertus de la vérité ?
S'il ne révolutionne rien, The Fallen Idol (pour une fois le titre français est mieux trouvé) propose un scénario assez bien fichu et soucieux du détail, qui parvient à ménager le suspense jusqu'à son dernier acte tout en livrant toutes ses clés au spectateur. Une méticulosité que l'on retrouve au niveau technique, Reed soignant ses plans au millimètre et confiant à Georges Périnal le soin d'offrir une lumière contrastée et très réussie qui donne un certain cachet au film.
On n'en sort pas bouleversé, mais la leçon de morale est plaisamment assénée.