C’aurait pu être facile de faire un film intrigant, plein de suspense et de retournements, à partir d’un tel point de départ. Afonso Poyart n’a pas fait ce choix, et ce n'est finalement peut-être pas plus mal, car il aurait pu basculer facilement dans la tendance moderne du film incompréhensible à force de vouloir surprendre. Même si la limite de l’abscons est parfois en passe d’être atteinte lors des scènes de visions de Clancy, elle n’est jamais tout-à-fait franchie. La mise en scène, elle, n’échappe pas à la grandiloquence, à cause de montages trop saccadés, ou, à l’inverse, d’arrêts sur image discutables, ce qui ne l’empêche pas d’être souvent élégante, malgré son âpreté.
Mais la grande force du film repose principalement sur les épaules d’Anthony Hopkins, d’une intensité assez impressionnante, camouflée derrière un visage en apparence monolithique, mais au regard profond. C’est ce qui fait qu’on s’attache vite au personnage de Clancy, et qu’on arrive plutôt bien à supporter cette ambiance assez glauque et cette galerie de personnages torturés.
Avec l’arrivée du tueur au bout d’une heure de film et de ses belles paroles sur la compassion qui anime ses crimes, l’homme prétendant tuer les gens avant qu’ils commencent à souffrir pour leur offrir une mort digne, ce à quoi Clancy s’oppose, on se dit qu'on va avoir droit à une réflexion intéressante sur l'euthanasie et sur son ambiguïté, mais finalement, non, le film relève plus du plaidoyer, de manière somme toute assez banal. On peut trouver ça beau, on peut aussi se dire qu'on a déjà vu ou entendu ça un peu trop souvent. Comme, en plus, on a davantage l'impression de voir un épisode de série policière qu'un film à part entière, on zappe facilement, sans trop de scrupules.