Mouchoirs jetables

Film poétique, surréaliste, provocateur, flirtant avec une certaine misogynie : pas de doute, on est bien chez Bertrand Blier, qui après l'accueil très mitigé de "Calmos", décide opportunément de reconstituer le duo des "Valseuses" (avec toujours un Depardieu grande gueule et un Dewaere plus discret, suiveur du premier mais plus drôle à mon goût justement), autour d'une Carole Laure apathique et assez inintéressante.

Quatrième long-métrage de Blier, qui traite notamment du désir féminin (au sens large), "Préparez vos mouchoirs" se révèle inégal et un peu mou : on assiste comme toujours à quelques fulgurances au niveau des dialogues et à une poignée de séquences mémorables (par exemple l'irruption nocturne de Michel Serrault, hilarante), mais ces scènes cultes apparaissent isolées au sein d'un ensemble longuet et trop bavard, dans un style qui ne me parle pas des masses.

Une fois encore subsiste cette impression étrange que l'on ne va nulle part avec Blier. Impression corroborée par l'incapacité persistante du réalisateur à offrir un dénouement satisfaisant à ses films - ce qui ne l'empêchera pas de décrocher l'Oscar du meilleur film étranger pour "Préparez vos mouchoirs".

Reste le plaisir immédiat de vivre une expérience hors-norme avec une œuvre décalée et irrévérencieuse, Blier le provocateur n'ayant pas son pareil pour susciter des grincements de dents dans la vieille France giscardienne.
Une dimension non-négligeable et digne d'éloges, mais une trentaine d'années plus tard, la magie n'opère hélas plus vraiment.