Si vous croyez que le cinéma français ne propose que des histoires lentes et ennuyeuses, suspendez votre jugement et allez voir "Presque". Si vous avez un peu le cafard, allez voir "Presque". Si vous aimez les histoires de rencontres improbables, allez voir "Presque".
Tout d'abord, ce film est un concentré de bonne humeur, et rien que pour ça, il vaut le détour! La vision épicurienne mais aussi nietzschéenne de la vie, proposée par le philosophe, et à présent acteur et réalisateur Alexandre Jollien, est profondément solaire, tout comme son visage presque toujours incroyablement joyeux. Et venant d'un homme atteint d'un handicap moteur cérébral, dont on peut avoir du mal à imaginer le quotidien, c'est d'autant plus fort et signifiant.
Ensuite, la rencontre entre son personnage, Igor, et celui de Louis, le croque-mort qui lui fait faire une sortie de route et l'embarque bien malgré lui dans un road-trip en corbillard, évite l'écueil de l'angélisme, tout en nous proposant de très nombreuses situations tour à tour hilarantes, touchantes, désarmantes de vérité.
Enfin, le duo Jollien / Campan fonctionne (de nouveau car ils ont déjà travaillé ensemble par le passé) à merveille, l'ex-Inconnu ne jouant jamais de son égo et mettant invariablement en valeur son partenaire et son interprétation saisissante de sincérité mais aussi d'auto-dérision. Deux acteurs généreux, qui n'hésitent pas à se mettre à nu au mépris des complexes, pour servir une magnifique histoire d'humanité et d'émancipation du regard d'autrui.
Le scénario, co-écrit par les deux acteurs-réalisateurs avec Hélène Grémillon, accomplit l'exploit de nous faire rire, et de bon coeur, de nous émouvoir profondément, tout en nous poussant à vraiment réfléchir sur les essentiels de l'existence.
Mon film préféré de l'année jusqu'ici : 8,5/10, un vrai coup de ❤ !