Dialogues percutants, Evan Rachel Wood et James Woods déjanté(e)s

Ce film m'a été conseillé par une de mes amies les plus précieuses, sachant que j'adore James Woods et j'avoue avoir été quelque peu déçu.


Le film est dans sa grande partie, est une parodie qui a un peu de mal à s’assumer avant de bifurquer vers un drame. Evan Rachel Wood as bien grandi depuis "thirteen" (bien que deux ans seulement séparent les tournages de ces deux films).


"Pretty Persuasion" avant son final grave (avec plus d’une heure vingt de retard) est une parodie, se moquant ouvertement du système écolier américain, le film tourne en dérision, tout, tout en racontant une histoire pourtant bien vraie.


Mais le film vaut surtout pour ses dialogues taillés pour ses interprètes, Evan Rachel Wood très en forme, avec James Woods comme père, même si ils ne communiquent pas vraiment bien : à eux seuls, ils valent le déplacement, notamment au début du film dans une scène hilarante où Kimberly / Evan Rachel Wood dit à sa nouvelle belle-mère qu’elle a couchée avec son chien, affirmation puis question, parallèlement, son père (James Woods comme qu’on l’aime et parfois touchant), fait un monologue raciste en parlant de son travail : entre la crudité de Kimberly et le monologue déjanté de son père : la scène est à mourir de rire. Kimberly est visiblement attirée par tout ce qui est anal : (le film contient plusieurs cunnilingus) et quand au père de Kimberly, c’est un véritable obsédé sexuel qui se masturbe ouvertement en parlant avec une femme au téléphone (autre moment exquis et très drôle). On croirait un teen-movie ordinaire façon "American Pie" avec son humour gras et ses clichés par pelles, mais là dessous, derrière ses personnages plutôt caricaturaux, se cache une critique du système éducatif priver américain.


Le film prends son temps (il a un boulevard d'une heure quarante-cinq) pour développer correctement son histoire et l’achever sans trop de brutalité. Kimberly au début parle beaucoup (chapeau à Evan Rachel Wood d’avoir mémoriser tout ces monologues), présente leur école a sa nouvelle amie Ronda (rien ne nous dit pourquoi et comment Kimberly a voulu prendre Ronda sous son aile), critique l’école, taille un portrait de ses différents camarades et arrive sa meilleure amie et elle lui parle de façon très crue. Il y a ce prof (Ron Livingston plutôt bon) qui les matte et fantasme sexuellement sur ses élèves et s’en prends a Kimberly quand elle parle : à partir de là, l’histoire est lancée.


Le film se déroule dans l’ordre chronologique, jusqu’au procès, ou de façon maligne, il alterne avec des flash-back remplissant des trous dans ce qui as précédé, avant les explications finales : en gros, le film est un puzzle plutôt malin. Outre l’humour gras, les dialogues pleins d’esprits et l’histoire plutôt classique mais qui s’assume en fin de parcours, ce sont les interprètes (que je connaissais pour la plupart) qui semblent s’amuser : Evan Rachel Wood excelle en jeune fille de quinze ans (dix-sept lors du tournage) manipulatrice mais confrontée a l’incommunicabilité, faisait des références constantes au sexe et même dans les scènes de sexe, qui rêve de devenir actrice et nous regarde parfois dans les yeux (comme dans le dernier plan) franchissant le quatrième mur, s’adressant à nous a travers son regard, elle s'autoparodie visiblement avec plaisir, tout ce qu’elle veut c’est être actrice (le film commence d’ailleurs par une audition), elle privilégie la comédie, prouvant qu’elle s’est aussi être drôle : et quand elle balance ses répliques assassines avec un sérieux désarmant : c’est là qu’elle est le plus en forme ; James Woods, lui si vous connaissez son type de personnages auquel il a habitué le public et bien justement, une bonne occasion de le retrouver : chacune de ses apparitions, même la dernière pourtant détestable, est exquise, il se trimballe en robe de chambre, caleçon et chaussettes dans sa maison, un type baba cool mais pas vraiment cool qui n’arrive a communiquer avec personne, c’est lui qui nous livre certaines scènes les plus drôles du film, notamment après qu’il se soit masturber, il va voir sa fille et ils parlent tous les deux sur son lit, il s’essuie l’entrejambe devant sa propre fille, on note la référence a la vie privée de James Woods où son personnage en est a son troisième mariage, James Woods est connu pour enchaîner les conquêtes et s’est marié trois fois ; Stark Sands (que je connais pour la mini-série "Generation Kill") en petit ami de Beverly est caricatural mais son personnage est sincère ; Ron Livingston ( que je connais pour "Standoff" surtout) en prof attiré sexuellement par ses élèves développe une ambiguïté chez son personnage suffisante pour laisser planer le doute sur sa culpabilité ; Robert Joy ("Les experts : Manhattan") en père d’un type qui couche avec Kimberly, réputer pour être un très bon avocat est impeccable et le temps de deux scènes laisse de son empreinte sa prestation dans le film ; on note aussi l’apparition du regretté Johnny Lewis le temps d’une scène où Kimberly raconte s’est fait prendre par derrière par son personnage.


Le film est tout le contraire de "prude" : le sexe, qui résonne dans beaucoup de scènes, n’est jamais explicitement montrer mais les dialogues et les situations (notamment la zoophilie) sont très drôles. Le réalisateur prend des risques avec ses longs plans fixes et ses travellings très classiques. En même temps, c’est étonnant de la part d’un clipiste.


Les scènes de procès ne sont par contre vraiment les plus réalistes : c’est grâce a Evan Rachel Wood (quand elle est présente), qu’elles tiennent debout, sinon la plupart du temps, elles sont plutôt soûlantes et inefficaces, le film ne devient plus drôle, il essaye mais il baisse d’un ton.


Après le procès et l’aveu de Beverly que tout cela n’est qu’un mensonge,


le film devient plus réaliste, dramatique et attachant.


Que feriez-vous pour obtenir ce que vous voulez, jusqu’où iriez vous dans vos actes ? Le film pose la question se terminant sur une musique douce et juste, émouvante en parfait accord avec la scène où le personnage d’Evan Rachel Wood zappe plusieurs fois et entends notamment un type qui as tuer dix de ses camarades, comment il les considérait, métaphore sur les actions de Kimberley. Le problème avec "Pretty Persuasion", c’est qu’il a préféré choisir la parodie avant d’obliquer vers le réalisme, au lieu de faire un film totalement réaliste ou totalement parodique, il fait succéder les deux, sans véritables émotions (sauf justement à la fin).


Les dialogues irréprochables et l’implication des interprètes rendent l’ensemble assez dense pour être passionnant mais dommage on ne peut s’attacher qu’aux personnages dans le final.


Un film à voir, pour son humour, son goût assumé pour le fantasme lesbien (éventuellement), ses interprètes et son final. Mais c’est pas un film indispensable. Il peut-être vu comme un agréable et étrange divertissement ou comme un regard sur les fausses accusations de viol. Et étrangement le film ne joue pas trop sur le coté people de Los Angeles : il le fait mais n’en abuse pas.


On notera par ailleurs qu'il n'y a pratiquement aucune bande-originale.

Créée

le 7 août 2021

Critique lue 174 fois

Derrick528

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