Nouvel avatar d’une franchise en perte de vitesse, Prey se déroule au dix-huitième siècle, près d’un village comanche. On y découvre Naru, une jeune indienne désireuse de devenir chasseuse, mais qui se heurte à l’hostilité de sa tribu. Alors qu’elle se trouve dans la forêt, elle aperçoit une étrange manifestation dans le ciel et se rend rapidement compte qu’une menace plane dans les environs.
Cette incursion dans le passé aurait pu conduire à un échec retentissant, alors qu’elle se révèle une vraie réussite. L’opposition entre les traditions amérindiennes et la technologie de l’alien apporte une indéniable fraîcheur dans cette série de films qui s’était empâtée dans des thématiques redondantes et faisandées.
Loin d’un Alien vs Predator risible ou d’un Aliens vs. Predator: Requiem pathétique, Prey renoue avec la mythologie du premier film, tout en y apportant des éléments supplémentaires. Les scénaristes y font d’ailleurs de nombreuses références, que ce soit dans la mise en place de la traque que dans les pièges fabriqués par Naru. Il est d’ailleurs amusant de constater la totale opposition entre les muscles d’Arnold schwarzenegger et la souplesse d’Amber Midthunder, alors que tous deux jouent des scènes assez similaires.
Le chasseur face à la chasseuse n’est certes pas un motif original, mais le charisme d’Amber Midthunder qui l’interprète, sa relation avec son chien et les apports de culture comanche transforment l’ensemble en une fresque passionnante à laquelle on adhère immédiatement. Il faut avouer que le visage grimé de Naru est fascinant dès les premières images.
L’installation de l’intrigue en 1719, alors que les premiers colons européens arrivent, permet d’élargir le propos et de poser de nouvelles bases. Ainsi, l’expansion spatiale et remplacée par l’expansion terrestre, la science-fiction par l’histoire, conduisant le spectateur à prendre fait et cause pour Naru et les Comanches. Les chasseurs européens sont un peu caricaturaux et servent évidemment de chair à Predator, mais on ne laisse quand même avoir.
Ne soyons pas dupe. La critique du colonialisme et la mise en place d’idées féministes sont les reflets de notre époque, mais l’ensemble est bien amené, avec une réelle mesure, comme le massacre des bisons ou le refus de Naru de se cantonner à la cueillette.
Mais ne boudons pas notre plaisir. Prey est une petite pépite soutenue par une magnifique photographie, une construction intelligente et des effets spéciaux qui s’intègrent parfaitement aux scènes d’action. Soyons heureux d’avoir échappé à un Rambo vs. Predator qui aurait pu être amusant, voire à un Chuck Norris vs. Aliens & Predators tourné en 3D, car Prey pourrait ouvrir sur un nouvel univers rétrofuturiste vraiment passionnant.