Primeval par Mickaël Barbato
Gustave est une véritable légende au Burundi. Croco du Nil aux allures démentielles (7,5m de long quand la moyenne de l'espèce est d'à peine 4m, pour un poids d'une tonne), il serait à l'origine de 300 attaques mortelles. Chiffre totalement improuvable dans le marasme d'un pays en pleine guerre civile...
L'histoire se concentre sur une petite équipe de journalistes dépêchée sur place afin de réaliser le reportage ultime sur ce véritable monstre de la nature. Bien entendu, on ne nous épargne pas la bombasse, soit-disant experte animalier mais qui ne sera absolument d'aucune autre utilité que celle d'une vulgaire scream-queen, et le playboy qui va tout résoudre à lui tout seul, ça aurait été trop beau. Soit. Les deux futurs tourtereaux sont accompagnés d'un sidekick afro-américain qui se dit tout droit sorti du Bronx, parce que ça va être trop cool les vannes sur son continent d'origine. "Ca sent le "je veux retourner aux USA même sur un négrier !" ? Bingo, cette phrase d'un goût plus que douteux est prononcée au mot près. Soit.
Tout ce petit monde s'embarque donc pour l'aventure, et très vite ils se rendent compte que le Burundi c'est pas le Club Med au Maroc, mais une grosse guerre interethnique bien barbare. Le film a un début de lucidité en voulant faire de ce sujet le principal, et construire autour les attaques de la terreur du Tanganyika.
Seulement, le film souffre terriblement d'un manque de sérieux. non pas qu'un ton comique intervient, mais les deux sujets sont traités soit par-dessus la jambe, soit sans grand talent. Commençons par le plus regrettable, le je-m'en-foutisme autour de la partie guerre. Traitée comme dans un banal film de panpan-cucul, jamais elle n'apporte un contrepoids qui, dans l'idée, aurait pu sortir le film du lot des métrages du genre. Le plus important, la souffrance du peuple, est personnalisée par un jeune africain que le sidekick va "américaniser" en le poussant à quitter le pays. Idéologie nauséabonde fondamentalement, et qui baigne tout le film. Rien n'est à la hauteur des enjeux, et le réalisateur le sait très bien. Pour la peine, il s'efforce de garder la relation pouffe/playboy au premier plan, histoire d'alléger ce qui est bien trop lourd pour ses épaules.
Mais où est passé Gustave ? La menace est omniprésente, mais il faut dire que les films de crocos sont difficilement ratés à ce niveau. Une eau de fleuve marron facilitera toujours l'angoisse par la visibilité très réduite. Seulement, là aussi, tout tombe à plat, par la volonté affligeante de vouloir faire de ce sac à main gigantesque une sorte de Usain Bolt aux dents acérées. Il cavale, fait preuve d'une agilité abusée, et apparaît beaucoup trop fake. Ah, ces CGI quel bonheur ! Quelle joie de voir un film de 2007 bien moins convaincant que Les dents de la mer. Pas le même talent derrière la caméra effectivement, mais c'est encore un taquet sur le front des personnes qui pensent encore que les animations 3D sont la solutions aux problèmes de faisabilité.