Ayant essuyé un lourd revers avec Big Trouble in Little China, Carpenter se relance avec ses thèmes qui lui sont chers : le fantastique et l’horreur. (À cela s’ajoute quand même une interrogation sur notre foi ou dans la science).
On pourrait cependant entrevoir le Prince des Ténèbres, comme un condensé de plusieurs de ses œuvres précédentes. En effet beaucoup de similitudes existent entre The Thing, Fog, Halloween ou encore Assaut (certainement la plus évidente). De part son ambiance si singulière, les enjeux de survie des principaux protagonistes, Big John reprend l'essentiel des éléments qui en ont fait son succès par le passé. Pendant une bonne partie du film, le mal est totalement invisible, désincarné mais son emprise est totale. On sent bien que quelque chose d’inéluctable va se produire. La question est de savoir comment tout cela pourra finir. Les personnages sont pris dans un étau qui se ressert inexorablement et vont devoir remettre en question l’essence même de leurs convictions.
Malgré son très faible budget, énormément de plan et d’idées issus de la pensée propre de Carpenter sauve l’intérêt du film. La bande-son également omniprésente, comme souvent, renforce la très mystique et oppressante situation. Elle reste un élément majeur dans le succès de l’intrigue. Cependant, il est impossible d’exclure que ce manque de moyens ne se voit pas à l’écran, que ce soit dans la mise en œuvre de certains effets techniques (quoi que quelque plans ne s’en sortent pas trop mal) et dans l’évolution de la narration. On sent vraiment que le réalisateur a dû supplanter ce manque de moyen évidents grâce à son savoir-faire, sa mise en scène, et bon nombre d’idées surprenantes sorties de derrière les fagots. De plus l’autre gros point négatif du film reste à sa distribution. Beaucoup d’acteurs inconnus certes, mais au talent et au jeu également limités, ce qui décrédibilise bon nombre de séquences et de scènes qui auraient marquées un virage très important au sein du récit et provoque au contraire une certaine lassitude dans leurs exécutions.
Personnellement, je n’ai pas trop cru également au caractère du message envoyé par les scientifiques du futur à ceux présent dans l’église, de tout mettre en œuvre pour empêcher le Prince des Ténèbres de revenir sur Terre. Il s’agit là plus d’un accessoire gadget qui a aucun intérêt dans le récit du film et qui à l'inverse brouille trop les événements en cours.
En résumé, l'aspect fauché s'en ressent, la distribution piétine lourdement mais l'impression finale laissée demeure indubitablement singulière.