Assassin's Creed au Pays de l'Or Noir
J'avais au moins autant d'appréhension que de curiosité pour ce Prince of persia.
Appréhension parce c'est PoP, de base, et que la relecture actuelle (à savoir made in Ubi Soft) du mythe a un scénario aussi naze que son gameplay est bon; et de curiosité parce qu'un machin pareil produit par Bruckheimer, réalisé par Mike Newell, et avec l'inénarable Ben Kingsley en méchant, ça promettait du pop-corn.
Et force est d'avouer que déçu je ne fus point. En terme d'adaptation de jeu video, c'est fort bien foutu. Il y a dans ce film tout ce qui fait de PoP le succes qu'il est : c'est corny, y a des cascades, des méchants avec des pouvoirs magiques bizarres, des méchants vizirs, une dague qui fait reviendre dans le temps et une princesse chiante. Y a meme des passages rigolos où on se dit qu'en fait, heureusement qu'Ubi fait ses PoP dans des couloirs et pas en environnement ouvert parce que quand le prince (y s'appelle Dastan ou Caspian, je sais plus, je dois confondre avec un autre) saute de toits en toits et sur les poutres de la ville, ça fait très "Assassin's Creed au Pays de l'Or Noir". Et là vous comprennez tout le sens du titre de cette note.
Tant qu'à parler de jeux-vidéos, le film se permet également quelques passages d'une coolitude toute playstationnesque, comme lorsque les gentils se font surprendre en pleine nuit par une nuée de serpents tueurs apprivoisés par les méchants. Le Prince, après avoir remonté le temps, fait son Jet Li avec les reptiles et pose à chaque kill. Une scène inutile, donc indispensable.
Vous l'aurez compris, en terme d'ambiance, le film fait le boulot. Avec le budget aloué, il avait quand même plutôt intérêt, surtout qu'on n'allait pas chercher de réconfort côté scénario : c'est indigeant, pas très cohérent, et parfois même complètement crétin (corny, disais-je). Néanmoins, on ne s'ennuie pas et quelque chose me dit que le tournage a du être une franche rigolade cool. Les acteurs s'en donnent à coeur joie, Alfred Molina en tête (son personnage ne sert à rien, mais lui s'amuse comme un fou). Kingsley n'est pas en reste, et son rôle maquillé lui permet d'étaller un large panel de grimaces, qu'il soit en train de jouer au mysterieux dans un coin ou à faire le mielleux avec ses neveux les princes de Perse. D'ailleurs, avec ce film m'est venu une révélation : Ben Kingsley, c'est un peu le Max von Sidow des années 2000. A chaque fois que je le voyais avec sa barbichette et son eyeliner, il me faisait penser à Ming dans Flash Gordon. Et en regardant de plus pres la carriere de ces deux bonshommes, le parallèle n'est pas si bête. Dernier détail rigolo, Gyllenhaal a beau avoir la gueule de CM Punk, il est loin d'avoir la carrure d'un catcheur, et il n'est pas rare de deviner le visage de sa doublure sous la coiffure hype du Prince.
Ah non, pardon, j'ai encore une chose amusante au sujet de la distribution : TOUS les acteurs dont le rôle est un minimum important sont anglais. Ca donne à la Perse un cachet fort mondain (huhuhu), et ça fait surtout bien marrer quant à la vision qu'Hollywood a de l'étranger : si ça s'passe pas en amérique, c'est des anglais. Rappelez-vous les efforts (vains, au demeurant) de Brad Pitt pour se donner une contenance toute londonienne tout au long de son périple Troyen.
Quoi qu'il en soit, avec son rythme soutenu, ses cascades entrainantes (filmées heureusement avec beaucoup plus de clarté que les scènes de combats, Bournesques au possible) et ses effets spéciaux convaincants (la cascade de sable à la fin), Prince of Persia remplit parfaitement son contrat : c'est sympa, et ça n'se prend pas pour ce que ça n'est pas. Et puis il a le grand mérite de fort bien respecter son modèle et de donner envie de (re)faire les jeux, là où, au hasard, un King of Fighters donne juste envie d'aller se pendre.