Coproduction germano-danoise, Princesse est l'œuvre du dessinateur et scénariste Anders Morgenthaler, avant tout réputé au Danemark pour ses livres destinés au jeune public. En parallèle, au début des années 2000 et sous le pseudonyme de Pernille Richter Andersson, il livre de courtes bandes-dessinées dans le journal national Politiken où il s'attaque aussi bien au fascisme qu'aux différentes mafias qui sévissent dans le milieu pornographique. Un thème qu'il aborde dans un premier film ultra-violent, cru et d'une noirceur imparable.
Princesse est le pseudo de Christina, ex-star du X décédée dans des conditions sordides. Elle a laissé à August, son prêtre de frère, la responsabilité et l'éducation de sa fille Mia, tout juste âgée de 5 ans. Lorsqu'il découvre que l'innocence de la fillette a été littéralement ravagée, August délaisse sa défroque de cureton et se lance dans une croisade vengeresse aussi aveugle que sanglante…
Sélectionné à la Quinzaine des réalisateurs lors du Festival de Cannes en 2006, le film eut ainsi droit à une distribution en salles dans l'Hexagone et remporta aussi quelques prix aux quatre coins de l'Europe dont un Nordisk Film Award. Mêlant séquences d'animation et prises de vue réelles (avec néanmoins une majorité de séquences animées), le parti pris de Princesse dépasse largement le statut du maniérisme stylistique pour se concentrer sur une très efficace simplicité visuelle. À l'instar de Tarantino avec l'inoubliable séquence animée de Kill Bill, Morgenthaler utilise ses dessins pour faire passer l'ultra-violence qu'il n'aurait pas pu se permettre avec des prises de vue live.
Dont l'effroyable scène où la petite Mia défonce les roupettes d'un mafieux pédophile à coups de pied-de-biche.
Empreint de poésie, d'humour (très) noir et de brutalité tout autant psychique que physique, Princesse est une sacrée gifle assénée sans sommation et qui, dans ses meilleurs moments, suscite pleinement le même malaise que celui que l'on peut ressentir face à Hardcore ou Taxi Driver, tous deux scénarisés par Paul Schrader. Véritable brûlot contre les mafieuses industries pornographiques et la prostitution, l'œuvre aborde également le très touchant thème de la culpabilité engendrant une impossible rédemption. Un film frontal et noir de jais.