Mia est une lycéenne bien ordinaire vivant à San Francisco avec sa mère,jusqu'au jour où le prince de Génovie,un minuscule royaume européen,casse sa pipe.Elle apprend alors qu'elle est la fille du défunt,et la reine-mère,qui est donc sa grand-mère,arrive aux States pour lui proposer de reprendre l'affaire familiale et de devenir la princesse du pays paternel.Production Disney,Gary Marshall à la réalisation,rien que ce générique commence à donner un peu la nausée et on se dit qu'on ne va pas tarder à se payer une indigestion de guimauve à gerber sur l'écran.Petite curiosité,Whitney Houston fait partie des producteurs,ça ne lui a pas réussi.Bizarrement,le début du film n'est pas si mal,c'est souvent même amusant et la mise en place présente des personnages gentiment barrés portés par des dialogues parfois drôles.Mais très vite des dysfonctionnements apparaissent.Déjà,il est difficile de croire à Anne Hathaway,19 ans à l'époque,en collégienne de 15 ans,surtout que l'actrice fait plus.Surprenante aussi la facilité et la rapidité avec lesquelles Mia accepte son nouveau rôle.Voilà une ado ricaine qui a toujours vécu à Frisco et qui sans regimber décide de partir pour un royaume européen d'opérette dont elle ignore tout et d'y régner sur un peuple totalement inconnu.Compliqué aussi d'avaler que la fille n'ait jamais rien su des activités de son père,qu'elle savait pourtant vivant.Sans parler de la folie qui s'empare des médias et de la population des USA,passionnés semble-t-il par les intrigues de cour de cette principauté d'opérette,comme si les affaires internes d'un bled style Saint-Marin ou Andorre allaient passionner les foules à San Francisco,et de la maladresse clownesque de la nana.Mais tout ça était sans doute dans le roman de Meg Cabot si brillamment adapté ici.A ce propos,signalons que Frédéric Dard avait écrit une histoire similaire avant l'américaine,dans un style bien différent évidemment,et avec quelques variantes.Ca s'appelait "Les soupers du prince" et le héros en était un mécano français trentenaire."Princesse malgré elle" va ensuite inexorablement s'enfoncer dans la médiocrité généralement caractéristique du cinéma de Marshall.Il coupe toutes ses scènes de manière abrupte,quasiment elliptique,et comme sa guimauve n'est pas assez cuite,on s'y enfonce progressivement.C'est outrageusement sucré et prévisible,et les poncifs de la romcom déboulent en escadrilles.Mia se fait ignoblement paparazzer,elle tombe amoureuse du bellâtre du lycée qui est un véritable enfoiré,alors qu'un gentil garçon est sincèrement épris d'elle,elle s'embrouille avec sa meilleure amie et s'apprête à prendre la fuite au moment où le monde entier,suspense insoutenable,est suspendu à ses lèvres dans l'attente de son annonce d'accession au trône.On a peine à le croire mais tout s'arrangera magiquement.Mia se réconciliera avec sa copine et son soupirant,et arrivera in extremis au pince-fesse pour y faire une déclaration qui émouvra aux larmes toute personne normalement sensible.On retrouve au passage les marottes de Marshall,amplement développées notamment dans son infect "Pretty woman",à savoir l'ascenseur social par la voie raccourcie et l'apprentissage des bonnes manières.Tout comme la prostituée incarnée par Julia Roberts,qui accédait à la belle vie en devenant la compagne d'un riche homme d'affaires,Mia,autre fille de condition modeste,devient riche et célèbre en devenant brusquement princesse,et toutes deux devront subir un entraînement intensif pour bien se comporter en société,training assuré par l'homme-lige de leurs bienfaiteurs,joué d'ailleurs par le même Hector Elizondo.On peut aussi se désoler devant la présentation pompeuse et lénifiante qui est faite de ces monarchies de papier glacé.On voudrait ici nous convaincre que ces gens sont sympas,empathiques et concernés par leurs peuples,comme s'ils étaient de vrais dirigeants de vrais états alors qu'ils ne sont que des gestionnaires de fortunes assurées principalement par leurs statuts de paradis fiscaux.Du coup,notre princesse improvisée finit par se prendre bien au sérieux et s'envisager en Lady Diana de pacotille.Cette bluette chargée de meringue aura une suite trois ans plus tard,"Un mariage de princesse",réunissant la même équipe.Les acteurs font ce qu'ils peuvent pour surnager dans ce sirop pré-diabétique.Le charme et l'abattage d'Anne Hathaway lui évitent le ridicule,tandis que la classe d'Elizondo se joue d'un rôle piégeux.Beau casting féminin de seconds rôles,avec Julie Andrews en souveraine coincée,Caroline Goodall en mère bohème,Heather Matarazzo en copine marrante,Sandra Oh en proviseur faux-cul ou Kathleen Marshall,la fille du réalisateur,en secrétaire dévouée.