Bah... Il y a quand même du bon, Oleg !

Quand je suis allé voir récemment Le Royaume de Naya au cinéma, je ne pensais absolument pas trouver dans mes piles de films une autre production du réalisateur Oleg Malamuzh, datant d'il y a quelques années. De ce fait, je me suis demandé, en observant la jaquette, si Le Royaume de Naya était unique dans sa manière d'être ou si c'était une patte artistique récurrente chez ce réalisateur. Pour en avoir le cœur net, et pour satisfaire mon insatiable appétit envers les œuvres de Fantasy, je me suis attelé au visionnage du film d'animation Princesse Mila et le sorcier au cœur de pierre, qui semble plus ancré dans le merveilleux que le film précédemment critiqué du bonhomme puisque nous n'avons rien qui rappelle directement le monde moderne ; on circule dans un univers médiéval merveilleux. Et à la suite de ce visionnage, je peux confirmer que les défauts que l'on pouvait trouver dans Le Royaume de Naya sont présents ici, mais force est de constater qu'il n'y a pas que ça.

Mila est une princesse qui ne souhaite pas se marier à un prétendant quelconque et qui souhaite pouvoir vivre une aventure, long de l'enceinte de son château. Eric est un comédien de "seconde zone" qui rêve de devenir chevalier. Et dans cette cité, ces deux rêveurs viennent à se rencontrer, ce qui amène un sorcier à kidnapper la princesse pour une sombre histoire de sorcellerie.

Pas plus de spoil, comme à mon habitude.

Et quitte à être du même réalisateur, commençons par pointer du doigt le "problème" de l'intrigue, qui n'en est pas véritablement un : le scénario est basique à souhait, c'est du déjà-vu dans le domaine des œuvres de Med-Fan, voire même de chevalerie tout court. Néanmoins, force est de constater que l'on a un récit plutôt dynamique qui connaît ses codes et clichés pour nous servir un divertissement à la hauteur, en nous proposant parfois quelques écarts bienvenus avec ce qui se fait d'habitude dans ce genre de production. Les épreuves que surmonte le héros sont intéressantes, non dénuées d'humour ou de situations cocasses (j'en veux pour preuve l'excellente confrontation avec le chat mage qui est la plus belle pépite de ce film d'animation, ou encore la séquence de bataille contre les morts-vivants). Et c'est véritablement le principal point de divergence que l'on peut souligner avec Le Royaume de Naya, c'est qu'ici l'intrigue parvient sans mal à nous embarquer avec elle et nous maintient suffisamment concentrée pour que l'on ne voit pas le temps passer - même si de nombreux points au sein de ce film laisse tout de même à désirer (et on y revient tout de suite). Alors oui, c'est classique, déjà-vu en terme de trame narrative, mais c'est suffisamment bien amené et plutôt inventif dans sa manière d'être repris pour que le spectateur se laisse aller à une nouvelle aventure.

Concernant les personnages, c'est là que les choses se gâtent. Si ils sont hauts en couleur, plaisant à suivre et à soutenir, que l'on retrouve le rôle du héros téméraire, de la princesse pas si frêle que ça et du "faire valoir" comique, force est de constater que le héros notamment à une basse de morale presque catastrophique. Alors certes, qu'aucun pourrait lui trouver des excuses (moi le premier) quant à sa régression de vaillance mais franchement, c'est tout de même un peu trop gros pour être cru sans hausser le sourcil - heureusement que ladite situation est plutôt bien structurée avec une inversion morale comique. Mais, encore une fois, quant on sait tout ce qui est dit, révélé, des points sur lesquels on insiste... voir le héros être mis à mal par des contradictions aussi flagrantes, quand on voit également le chemin parcouru pour arriver aussi loin, le fait de baisser les bras aussi rapidement sans prendre le temps d'une réflexion pourtant attendue... m'a fait immédiatement sortir du film tant c'était d'une stupidité incroyable. Néanmoins, outre cela, force est de constater que les différents protagonistes de cette production sont attachants, le héros et son comparse entretiennent un bon lien amical, la princesse à suffisamment de ressources pour mettre à mal notre antagoniste qui n'est pas en reste malgré un charisme que l'on aurait voulu un peu plus à la hauteur. Une mention spéciale pour le chat mage qui impressionne et est adorable dans sa manière d'être. A noter également que l'on avait peut-être un teasing du film Le Royaume de Naya puisque l'on peut apercevoir le fameux chat grenouille de compagnie de Naya côtoyer un très bref instant Eric et son ami ; faut-il s'attendre à voir prochainement un nouveau film d'animation avec une créature issue du Royaume de Naya ? Spéculations vaseuse mais néanmoins très bonne idée de révélation artistique si tant est que cela soit réellement le mode de fonctionnement du réalisateur.

Pour la qualité graphique, nous sommes sur le même gabarit que le film précédemment critiqué : ce n'est pas époustouflant et on se serait attendu à mieux pour un film d'animation de 2018. Donc, c'est du simpliste avec parfois un minimalisme dérangeant... Néanmoins, on reste sur du strictement correct avec cependant une nouveauté - si tant est que l'on peut appeler nouveauté un élément antérieur à la dernière création de Oleg Malamuzh - intéressante : les séquence à la première personne qui sont plutôt bien pensées.

Pour les décors et les différents lieux, nous restons sur la même qualité que dans Le Royaume de Naya : des lieux imposants, bien pensés, à la limite de l'onirisme et qui contribuent à la féerie de l'univers présenté.

Et enfin, pour les musiques, on reste sur des compositions intéressantes et sympathiques sans que l'on en vienne à du transcendant.

Ainsi, Princesse Mila et le sorcier au cœur de pierre nous prouve que Oleg Malamuzh parvient sans mal à réaliser des films d'animation intéressants, et à voir les qualités que possède ce film, on est en droit de se demander si Le Royaume de Naya n'était pas un "pas de bol" finalement. Le film est divertissant, et c'est tout ce que je demande pour le recommander. De quoi passer un bon moment avec une production pas prise de tête et sans grande prétention.

Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !