Princesse Mononoké est encore considéré à ce jour comme un des films d'Hayao Miyazaki les plus poétiques et profonds.
Cela s'explique notamment par le ton épique de l'histoire d'Ashitaka, jeune prince d'une tribu maudit malgré lui par un esprit malfaisant lui-même victime de la malice des hommes dû à une blessure infligé par eux. Exilé de son village, le jeune homme accompagné de son destrier se lance dans une quête pour rompre sa malédiction vers le lieu d'origine de l'esprit malfaisant. Durant son périple on verra alors le contexte assez violent et désespéré du Japon médiéval avec des scènes de batailles et de pillages avec des images et des mises en scènes assez violentes, nous disant alors plus sur la nature de l'humain. Une fois arrivé à la forêt, Ashitaka s'apercevra du conflit constant entre les habitants de celle-ci et le village de forgerons mené par Dame Eboshi. Intrigué par la jeune fille du nom de princesse Mononoké, alliée farouche des loups et de la forêt, Ashitaka se lancera alors dans un autre voyage iniatique pour connaitre la forêt et les raisons du conflit, et essaiera de concilier les deux mondes en proie à la haine.
Bon clairement nous sommes dans le scénario classique de la nature contre l'homme, avec toutefois une histoire et une mise en scène magistrale et profonde de la part de Miyazaki, qui nous propose là un conte philosophique, poétique, et profond en nous montrant constament les deux camps. Après avoir observé la nature et le village des hommes, on se rend compte que les deux ont à la fois de bonnes qualités et de mauvaises qualités, ainsi que des raisons légitimes de s'opposer l'un et l'autre. Particulièrement pour le village des hommes, qui est composé principalement d'exclus de la société japonaise qui ont reçu un nouveau sens dans leur vie grâce à dame Eboshi. Malgré son côté cruelle et pragmatique, on se rendra compte qu'Eboshi est une personne qui tient beaucoup à son peuple et agit contre la forêt uniquement pour les protéger et subvenir à leurs besoins. Elle rejoint ainsi les rangs des antagonistes de Ghibli qui ne sont pas à 100% mauvais et sont dotés de bonnes qualités. De même tandis que les créatures de la forêt ont de bonnes raisons de s'en prendre aux hommes, la haine et la colère les pousse à des extrémités dangeureuses qui les rends pas si différents des hommes, en particulier de la part de l'armée de sangliers d'Okkoto. Ainsi on a une vicieuse spirale du cycle de la haine et de la vengeance, qu'Ashitaka s'efforcera de rompre pour le bien de tous.
Le personnage éponyme, princesse Mononoké alias San, est la bonne représentation des femmes fortes décrites régulièrement dans les films de Miyazaki, courageuses et déterminés à suivre leurs coeurs et convictions. Entêtée dans son antagonisme farouche envers l'homme, elle trouvera une certaine foi retrouvé envers celui-ci de la part d'Ashitaka, nouvel acteur majeur dans le conflit, et cet équilibre contrasté entre les deux protagonistes vont contribuer à instauré une paix optimiste et durable entre les deux camps à la fin du film.
Avec une bonne mise en scène des séquences d'action, de dramaturgie, et des musiques épiques orchestrés par Joe Hisaishi, on nous concocte une grande épopée écologique dans la ligné de Nausicaa de la Valée du Vent qui nous apprend à vouloir créer une grande harmonie entre la nature et la progression des hommes, ainsi qu'à rompre avec le cycle de la haine et de la vengeance. Ce fabuleux cocktail de drame, de fantastique, d'animation, et d'épopée rend ainsi témoin du talent du maitre et contribue ainsi au succès de l'animation japonaise et du Studio Ghibli dans le monde.