Sans forcément être spécialiste ou même amateur de Miyazaki, nous avons forcément déjà entendu ou lu ce nom quelque part. Cette œuvre est devenue, sans aucun doute, l’une des plus célèbres et reconnues de Miyazaki. Le cinéaste a désormais une grande expérience, une aura, et Princesse Mononoké va pouvoir devenir une des clés de voûte de sa filmographie. Nous projetant dans un monde fantastique qui a tout d’un Japon médiéval, Miyazaki vient associer chevalerie et mysticisme, comme dans un conte légendaire. C’est la destinée du jeune prince Ashikata, qui va découvrir les grandes forces qui régissent la nature, mais aussi celles qui régissent l’humanité. C’est la rencontre avec San, aussi appelée la « princesse Mononoké », et, avec elle, d’un autre monde, peuplé d’arbres, d’animaux et d’esprits.
D’une certaine manière, Princesse Mononoké partage une base commune avec Nausicaä de la vallée du vent. On y retrouve ces mêmes discours écologistes et pacifistes, une volonté de comprendre les choses, et de ne pas faire preuve de manichéisme. Ashikata et San sont comme les deux facettes de Nausicaä, le premier suivant un parcours initiatique, faisant preuve de courage et de sagesse, et la seconde étant intimement rattachée à la nature, sachant la comprendre et vivre avec. Mais Princesse Mononoké incarne un aboutissement dans la représentation de ces thématiques chez Miyazaki, faisant preuve d’une très grande beauté, aussi poétique que brutale.
Car Princesse Mononoké n’a rien du conte pour enfants, n’hésitant pas à être explicite en termes de violence, mais ayant, à côté, de nombreux aspects enchanteurs. Il y a, en effet, beaucoup de magie dans ce film qui nous fait voyager dans de superbes décors, accompagnés d’airs musicaux d’une grande beauté, signés Joe Hisaishi, compositeur fétiche de Miyazaki, qui nous transportent instantanément. C’est l’image d’une rêverie aussi belle qu’elle peut devenir cauchemardesque, s’appuyant sur un imaginaire d’une incroyable richesse, qu’il s’agisse des animaux, ou des créatures fantastiques comme le Dieu-Cerf ou les sylvains. C’est la promesse d’instants de grâce et de chutes dramatiques, un conte, une histoire universelle sur l’Homme et la nature, éloignant tout manichéisme en donnant vie à une palette de personnages nuancés qui ne sont pas juste « bons » ou « mauvais », ce qui est une des grandes forces des films de Miyazaki.
Princesse Mononoké est sûrement un des films les plus aboutis du cinéaste japonais, qu’il s’agisse de la richesse de l’univers auquel il donne naissance ici, que de l’écriture de ses personnages, ou de la manière dont il parvient à développer ses thématiques et à faire passer des messages. Miyazaki touche ici au sublime, avec une histoire belle et prenante à souhait, qui invite le spectateur, une nouvelle fois, à faire preuve d’humilité. Un chef d’oeuvre ? Très probablement.
Critique écrite pour A la rencontre du Septième Art