Avec Princesse Mononoke, Hayao Miyazaki délaisse pour un temps la comédie afin de mieux servir le propos de son film à ce jour le plus engagé. Contrairement à Isao Takahata, qui avait tenté le pari d'une comédie écolo pour son Pompoko, Miyazaki se drape d'un sérieux pour le moins alarmiste pour mettre en scène l'ultime bataille des animaux et de la nature contre l'homme venu rompre leur harmonie. Princesse Mononoke est épique mais également sombre et crépusculaire. Dernier représentant d'une lignée d'hommes purs mais sur le déclin pour avoir été traqués et exterminés, le jeune prince Ashitaka symbolise à lui seul le dernier espoir d'une communion hautement improbable entre l'homme et son environnement. Il est le seul à prendre la peine d'essayer de comprendre les deux partis, qui vont dans un premier temps se méfier de lui avant de finalement l'accepter du moment qu'il reste de leur côté et ne passe pas à l'ennemi. Une fois encore, Miyazaki dépasse le stade du simple dessin-animé en apportant beaucoup de profondeur à ses personnages. Touchants autant par leurs qualités que par leurs défauts, ils contribuent par leur crédibilité à ce que l'immersion soit totale pour le spectateur, et complétant ainsi le travail effectué en amont par un dessin incroyablement riche et une musique tout aussi grandiose. Bref, une franche réussite.