Au sein d’une combe se trouve un lac où se précipitent des pentes boisées que déplie la montagne environnante; au milieu du lac, un sanctuaire caché dérive paisiblement : modeste artefact nimbé d’une lumière diffuse qui perce au travers des nuages éclos au creux de l'onde, pouponnière de l’embrun mystique…
La nature est immense et splendide, il ne semble rien avoir à y faire sinon vivre dans l’harmonie du paysage.
Dans le temple un maitre zen vit avec un jeune enfant qui vit l’enfance, le maitre est impassible, sourit parfois du coin de l’œil…Le temps s’écoule, les âges se succèdent comme tourne la roue des saisons : chaque âge dévoile son potentiel d’expériences, le jeune vit, transite vers d’autres âges sous le regard bienveillant du maitre qui le laisse s’épanouir en liberté.
Tel est l’argument de « Printemps, été, automne, hiver…et printemps», film modeste qui n’a pour fond ni plus ni moins que la matière de nos vies, la vague étoffe de l’âme ; mais, dans la forme, Kim Ki-duk fait preuve d’une grande sincérité et, dans l’immense dépouillement du film, propose des prises de vue sobres et parfaitement magnifiques.
J’aurais vu un chef-d’œuvre si la portée de certains actes ainsi qu’une partie de la symbolique ne m’avaient pas échappé…Faute de quoi j’ai assisté, hors du temps, à un film sacré touchant à l’intangible avant de m’endormir dans la joie d’une certaine légèreté d’être.