Enfin, je me suis mis à Kim Ki-Duk. Sachant que ce cinéaste est un des plus reconnus dans son pays, j'avais hâte de commencer, et bien m'en a pris de regarder ce chef d'oeuvre pour débuter. Ne sachant pas à quoi m'attendre, c'est avec déléctation que j'ai retrouvé cette lenteur si spécifique au cinéma asiatique (Kore-eda, Lee Yoon-Ki, Hou Hsiao-Hsien...), couplée à la subtilité chère aux réalisateurs coréens. En effet, pas besoin de mots ou de rebondissements, mais c'est à travers des scènes longues et douces que Kim nous montre à quel point il est difficile d'être humain. En commençant par l'insouciance de l'enfance, cruauté pure qui sera vite stoppée par le moine bouddhiste, le cinéaste nous emmène à la découverte de ce personnage intéressant: ne connaissant que la vie de moine, ce jeune qui n'a sans doute jamais vu de fille est bouleversé par l'arrivée de la jeune malade, qui changera sa vie à tout jamais, en bien comme en mal. Car si le moine reconnaît que le sexe et l'amour étaient le meilleur remède, il est connu que les bouddhistes rejettent toute forme d'attachement, et chez eux, l'amour se traduite par un lâcher-prise, car il n'y a pas de possession.
Cependant, difficile pour un jeune homme de lâcher prise quand on a connu un tel sentiment. C'est pourquoi ce dernier fautera, quittant le temple pour la rejoindre: il finira donc par la tuer, car la possession amène la jalousie, et la jalousie est un symptome de la peur, qui est naturellement très dangereuse... C'est avec ces concepts très simples, il faut l'avouer, que Kim fait un film excellent : une sorte de recueil de leçons bouddhistes, via la tradition (prières, patience, etc.) et les épreuves (la pierre, les idéogrammes à découper...). Le fait de boucler la boucle avec le retour de l'enfant du début, devenu un vieil homme après sa libération de prison, montre à quel point la vie est un cercle : nous faisons les mêmes erreurs que dans le passé et les répèterons sans aucun doute.