Après avoir vu City on fire du même gars, toujours pas de déception à l'horizon, et c'est même peut-être mon préféré du lot. Reprenant à son compte les codes du genre, Ringo Lam les assaisonne de sa patte habituelle, avec donc des ruptures de ton jouissives et (d)étonnantes, tout comme la façon dont l'un des protagonistes principaux se retrouve en taule (avec un effet gore à se pouffer de rire par tant d'excès), mais pour glisser lentement et sûrement vers un terrain autrement plus sombre et âpre, surtout durant un final plein de hargne.
La trame principale, si elle s'avère classique, avec son lot de triades et de persos plus sympas ayant à jongler à la fois entre les frictions internes et l'autorité sanguinaire de l'intendant, ne manque pas de panache, bien au contraire. Chow Yun Fat, une fois n'est pas coutume, mène la danse en comique de service (décidément, Ringo Lam avait exploité à fond cette facette de l'acteur), en fait pure attitude de survie au sein de cette jungle humaine soumise à de vives tensions (et quand ça éclate, ça ne rigole plus, en témoigne cette terrible mêlée humaine calmée à coup de bâtons).
Personnage le plus touchant du film, sa personnalité exubérante est bien souvent à l'origine de scènes complètement décalées et pourtant sérieuses à la base (comme lorsqu'il rassure son pote de cellule pour tenir bon en dépit de la dureté du milieu... pendant qu'il lâche une pêche). Ce dernier, l'innocent de service, complète bien le duo d'amitié formé avec CYF, avec son attitude trop sérieuse et honnête (limite lèche-cul au début), le genre de bleu qui a encore beaucoup à apprendre du milieu, tant pour survivre que pour être un homme digne de ce nom (ce qui passe par prendre les choses de manière un peu plus coulante en dépit de l'injustice ambiante, ce qui fonctionnera jusqu'à un certain point).
Oeuvre à multiples facettes, Prison on Fire ne cesse de bifurquer vers toutes les directions pour mieux surprendre en dépit d'un schéma narratif largement connu et recyclé à toutes les sauces (deux amis qui essayent de survivre en milieu hostile et confiné). Ainsi, même lorsque tout semble scellé avec une sortie de prison attendue au tournant, Ringo Lam nous prend à la gorge avec un dernier (long) face-à-face, sacrément bestial et bien géré en termes de montage, libérant toute l'énergie accumulée jusqu'à lors. D'autre part, ça regorge de petites touches d'optimisme et d'humanisme entre potes de cellule (comme cette danse entre potes durant la fête de l'an où toutes les querelles et tensions semblent disparaître d'un coup de manière libératrice), qui rappellent cette bonne vieille époque où divertissement désinvolte/osé et fond sérieux/pas bête ne s'annulaient pas forcément.