Une jeune directrice, aux méthodes novatrices, prend en charge la direction d'un établissement disciplinaire pour jeunes filles. Formé en Ukraine, Léonide Moguy a été décrit comme le "cinéaste de la bonté" et toute sa filmographie reflète un désir de réformer la société. Soutenu par le gouvernement du Front populaire et récompensé par le Festival de Venise, Prison sans barreaux a beau être taxé de "daté" par certains (à ce compte-là, la plupart des films des années 30 le sont !), il n'en est pas moins bien écrit, réalisé (quelques travellings remarquables) et monté. Si la méchante du film est un peu caricaturale, la relation entre la nouvelle directrice et l'une de ses "pensionnaires' constitue l'atout majeur de Prison sans barreaux, bien davantage que l'intrigue sentimentale. L'interprétation d'Annie Ducaux est impeccable et celle de Ginette Leclerc pittoresque (sa prestation sera remarquée par Raimu et lui vaudra son rôle dans la Femme du boulanger). Mais c'est Corinne Luchaire qui retient surtout l'attention et provoque la plus grande émotion. Sa funeste destinée et sa mort prématurée (dans la vie réelle) y sont sans doute pour quelque chose mais elle est vraiment formidable.