*** SPOILERS ***
Je surveillais ce film avec fébrilité et je ne suis pas déçue bien que je m'attendais à quelque chose d'un peu différent, plus axé sur l’enquête en elle même. Pourquoi ça ? Certainement à cause des nombreuses références au Se7en de Fincher que j'ai pu lire sur internet. Le lien ne se fait donc pas sur le traitement narratif du thriller mais plutôt via l’atmosphère glauque parfaitement maîtrisée qui s'en dégage. Cette pluie incessante, cette image désaturée et souvent sombre contribuent pour beaucoup à nous plonger dans une ambiance malsaine et perturbante.
Le grand point de divergence avec son prédécesseur constitue donc en l'approche qu'en fait le réalisateur. Ici, bien que l'on suive avec avidité une intrigue bien ficelée, ce qui intéresse Villeneuve ce sont les personnages. Des personnage qui sont tout sauf lisses et unidimensionnels.
Le grand enquêteur, supposé sans faille, n'est ni le gendre idéal Mills ni le vieux sage Somerset mais un type bardé de tatouages, la chemise boutonnée jusqu'en haut (de l'encre qu'il préfère ne pas montrer ?), perclus de tics faciaux (laissant deviner une nervosité à fleur de peau) et au passé obscure.
La grande force du film est aussi de s'intéresser aux familles dont les membres gèrent la crise chacun à leur manière : une mère qui tombe en profonde dépression, un père qui semble complètement perdu et l'autre qui a un besoin irrépressible de faire quelque chose. Ce type qui est le père parfait mais qui est toujours un peu "over the top". Il ne se contente pas de s'occuper de sa famille, il est carrément survivaliste, il ne peut donc pas aider l'enquête comme tout le monde, il en fait plus. Et ça dégénère.
Du côté des antagonistes, j'ai trouvé "Alex" très intéressant. Possible grand méchant au début, il devient assez vite une victime qui garde tout de même une part d'ombre. Il a été à coup sûr torturé durant une grande partie de sa vie et est complètement sous l'emprise de sa "tante". Mais pourquoi lâcher cette phrase au père entre les voitures ? Regain de conscience passager ou envie presque inconsciente de titiller Keller ? Dans tous les cas il est certes très perturbé (parler semble ne pas même lui venir à l'esprit durant une bonne partie de son supplice tant il a été conditionné) mais n'est pas si idiot qu'on pourrait le croire et semble finalement avoir conscience de ce qui est bien ou mal. La scène où on le voit vérifier que personne n'observe avant de s'en prendre au chien et de repartir en chantonnant est en ça très perturbante. Bref, un personnage dont on parle relativement peu dans les médias mais qui est mon favori. Dano s'en sort à merveille. Ces gémissement qu'il arrive à sortir durant les scènes de douche sont glaçants.
Les reste du casting frôle également la perfection avec peut-être une petite préférence pour Gyllenhaal face à Jackman, la performance de l'américain me paraissant un peu plus en subtilité... M'enfin je chipote là.
Bref, excellent film pour moi qui souffre à peine de quelques passages peut-être u peu longs. Cela reste cependant anecdotique puisque que quand j'ai constaté ce matin que le film durait 2h30 je n'en revenais pas.
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