"Prier pour que le meilleur advienne et se tenir prêt pour le pire"
"Prisoners" est le thriller qui a le plus fait parler de lui en 2013. Et pour causes ! Avec son deuxième film, Denis Villeneuve frappe fort.
Le thriller peut sembler être un genre simple à mettre en scène. Quand on regarde les grandes œuvres que comptent ce genre telles que "Seven" ou "Le Silence des Agneaux", on a l'impression qu'il suffit de donner un ton sombre, glauque et réaliste à son film pour sortir un bon film. Si en plus, on peut se permettre un twist final inattendu comme dans "Sixième Sens", le tour est joué, il n'y a plus qu'à empocher les billets. Oui... mais non. Ce n'est pas si simple que cela et "Prisoners" en est la preuve.
Ce film regroupe toutes les qualités précédemment citées. L'ambiance sombre et parfois pesante est bel et bien présente, en grande partie grâce à une photographie terne et peu colorée, et également part les décors maussades, presque impersonnels. Bon, c'est vrai qu'il n'y a pas de twist final de folie mais le récit tient suffisamment en haleine pour que la révélation finale fasse son petit effet. D'ailleurs, en parlant du récit, comme dans de nombreux autres films du même genre, des indices sont disséminés tout au long de l'œuvre, part petites touches et sans que cela ne soit trop prononcé. On n'a pas cette impression que le film nous force à regarder un élément l'air de nous dire "attention, ça a de l'importance, ne l'oubliez pas". Même ce qui parait anodin va à la fin prendre toute son importance, les pièces du puzzle se réunissent sans que ce ne soit trop prévisible.
Néanmoins, il manque quelque chose pour faire de "Prisoners" un très grand thriller : le rythme. Le film en lui-même est assez long, pas moins de 2h30. Et cela se ressent légèrement, on a à quelques reprises l'impression que l'histoire patine un peu, que l'enquête a du mal à avancer, que l'on tourne en rond. Bref, bien que le film ne perde jamais son spectateur en maintenant constamment une certaine tension, il y a de petits coups de mou. Cette tension est apportée grâce notamment au personnage de Keller, joué par un Hugh Jackman qui fait complètement oublié son rôle de Wolverine tant son implication dans ce film est visible, dont la psychologie est très bien traitée, au détriment de certains autres personnages comme celui de sa femme qui est tout simplement ignorée. Cependant, l'ensemble des acteurs est convaincant. On pourra aussi regretter une fin un peu abrupte et quelques fondus au noirs pas forcément très inspirés.
"Prisoners" est donc un très bon thriller qui ravira les fans du genre mais dont il manque un peu de rythme pour en faire un excellent représentant.