𝑃𝑟𝑜𝑏𝑙𝑒𝑚𝑖𝑠𝑡𝑎, le premier long-métrage de Julio Torres, réussit à capturer l’absurdité de la société américaine à travers les yeux d’un immigré, tout en y ajoutant une touche de surréalisme. Avec une esthétique soignée et des touches subtiles de comédie, le film navigue habilement entre la satire et la fantaisie. Torres, dans le rôle d’Alejandro, nous livre une performance tout à fait convenable, parfois presque effacée, face à la tempétueuse Elizabeth, incarnée par une Tilda Swinton magistrale dans un rôle si détestable qu'elle en devient étrangement attachante.
Swinton est le chaos dans ce film, incarnant une femme très borderline, obsédée par la survie de son mari, par l'art qu'il a créé ou par la préservation de son corps cryogénisé. Son personnage ajoute une touche caustique et imprévisible, perturbant tout et tous sur son passage, contrastant avec l'approche plus calme et rêveuse d’Alejandro. L’alchimie entre ces deux personnages, bien que tendue, est le moteur du film, permettant à 𝑃𝑟𝑜𝑏𝑙𝑒𝑚𝑖𝑠𝑡𝑎 d’explorer avec humour et tendresse l’aliénation ressentie par les immigrés et les luttes personnelles dans un monde hypercompétitif.
Bien que 𝑃𝑟𝑜𝑏𝑙𝑒𝑚𝑖𝑠𝑡𝑎 soit profondément ancré dans un univers atypique, il n'en reste pas moins accessible. La satire, bien qu'acerbe, n'est jamais méchante, et la créativité du film, à la fois dans son récit et ses visuels, reste mesurée. Pour un premier film, Torres parvient à trouver un équilibre entre l'excentricité de vouloir prouver ce dont il est capable, souvent problématique lors des premiers longs-métrages, et une narration qui résonne de manière plus universelle.