Victor et Jeanne,un couple de parisiens,viennent passer un week-end en Ardèche,dans un camp de zadistes dirigé par l'ancien prof de yoga de madame.Alors qu'ils s'accoutument plus ou moins bien aux règles de l'endroit,surtout un Victor décontenancé,une étrange pandémie décime la plupart des humains,nos hippies attardés,sans doute en raison de leur mode de vie autarcique,faisant partie des rares rescapés,ce qui va modifier plus sûrement leurs mentalités et leurs comportements que n'aurait pu le faire la pression des gendarmes qui s'apprêtaient à les déloger."Problemos" est la troisième réalisation ciné d'Eric Judor et la seconde en solo puisqu'il avait cosigné "Seuls two" avec son ami et partenaire de scène et d'écran Ramzy.Cependant il n'en est pas l'auteur,le scénario étant l'oeuvre de Noé Debré et de l'humoriste Blanche Gardin,dont on retrouve bien le style percutant et politiquement incorrect.Le film rappelle fort "Les babas-cool",une comédie post-Splendid sortie en 81,mais la satire des milieux écologistes est ici beaucoup moins gentillette,Gardin et Debré ayant sorti le lance-flammes pour dépoter une oeuvre d'une violence inouïe qui pilonne méthodiquement cette vache sacrée du post-modernisme qu'est l'éco-terrorisme.Pas de quartier donc pour cette bande d'allumés stupides et sectaires dont les dérives sont certes exagérées pour les besoins du spectacle mais bien réelles à la base.Au début on rigole car il est atrocement drôle de voir ces soi-disant libertaires aux prises avec leurs propres diktats absurdes,mais peu à peu,même si ça reste marrant,on finit par trouver ce jusqu'au-boutisme insensé franchement inquiétant tant leurs délires insanes virent au totalitarisme.L'Enfer est pavé de bonnes intentions dit-on,et on dit également que le mieux est l'ennemi du bien,ce qu'illustre parfaitement le cheminement de cet agglomérat de débiles mentaux prétendant sauver la planète avec leurs singeries d'Occidentaux aux cerveaux cramés.Toutes ces conneries sont joyeusement ridiculisées et tout y passe,la lutte à deux balles genre "gardarem lou Larzac" à la sauce "No pasaran",le refus total de la technologie,les enfants au sexe indéterminé,les débats stériles et imbéciles à propos de tout et de rien,l'abolition de la propriété,le jugement permanent de la moindre déviance par rapport au Dogme,les élucubrations sémantiques et le terrorisme intellectuel ultra-gauchiste.Et le jeu de massacre va continuer à partir de la découverte de la pandémie,les personnages dévoilant alors leurs vrais visages et l'hypocrisie de leurs postures.Peur paranoïaque de la contamination,rejets très peu solidaires de certains membres,concessions au confortable progrès technique et pour finir violences diverses et putschs à répétitions.La mise en scène de Judor est basique et on sent que la production était assez modeste mais ce n'est pas grave dans la mesure où tout repose sur un script béton et des dialogues désopilants portés par une troupe de comédiens déchaînés.Les personnages sont très travaillés,tous étant puissamment caractérisés et chacun ayant la place d'exister.Victor,à qui Judor apporte sa fausse naïveté placide,apparait au départ comme le mec censé du lot,celui qui n'hésite pas à relever les aberrations proférées à gogo par les autres et à ironiser sur leurs comportements.Normal,puisqu'il vient de l'extérieur et n'a au départ aucunement l'intention d'intégrer le clan.Mais il va progressivement s'adapter,jusqu'à devenir un des piliers de la communauté et in fine se révéler être un tyran,brillante démonstration que n'importe qui peut se laisser aller à ses mauvais instincts pourvu que les circonstances s'y prêtent.D'ailleurs le récit aboutira à un retour général à la sauvagerie originelle,ultime stade de décadence d'une société en perdition.Car au-delà de la satire anti-écolos c'est la société toute entière qui est condamnée au terme d'un manifeste nihiliste sans concession.Les zadistes sont des abrutis,c'est entendu,mais les gens de l'extérieur ne valent pas mieux,d'un Victor libidineux guidé par sa bite à la post-adolescente vissée à son smartphone,de l'ex militant écolo venu négocier avec les rebelles pour le compte du "Capital" aux survivants meurtriers qui rôdent dans les environs,on ne peut pas dire que la nature humaine soit glorifiée.L'Homme recèle en lui les germes de son auto-destruction,ça pourrait être dit de manière sinistre,certains films post-apocalyptiques l'ont fait,mais le discours marche aussi très bien sous l'angle de la rigolade.Pas de stars ici hormis Judor,mais une belle équipe d'acteurs efficaces et investis.La mignonne Célia Rosich incarne l'épouse effacée de Victor et Blanche Gardin est Gaya,l'ultra-féministe grande gueule,bornée et dirigiste.Le formidable Youssef Hajdi,grand copain de Judor,crève l'écran en technicien ingénieux et imperturbable en dépit des avanies que lui font subir ses "amis".L'humoriste asiatique Bun Hay Mean assure en faux chamane et vrai SDF honteusement exclu du groupe.La jolie Dorothée Pousséo nous offre un bonus en exhibant sa magnifique paire de nichons et Marc Fraize,le policier flou de "Au poste!",est encore une fois irrésistible en pauvre mec transformé en serpillière suite au lavage de cerveau wokiste qui l'a conditionné.Grande performance du toujours savoureux Benoît Henriet en beauf de compète,cet acteur permanent du feuilleton "Demain nous appartient" obtenant trop rarement de vrais rôles au ciné.Eddy Leduc est saisissant en ex militaire psychopathe et la charmante Claire Chust,habituée de la série "Scènes de ménage",est peu crédible en ado de 16 ans,l'actrice en avait 25 à l'époque,mais elle joue les cruches avec un tel naturel qu'elle ne peut que convaincre.Il faut la voir et l'entendre se plaindre que sur les réseaux on ne parle que de pain de mie,cette idiote sachant à peine lire n'ayant pas saisi qu'il est question de pandémie.Le chef du village a les traits de Michel Nabokoff,plus vrai que nature en allumé diplomate.Cet acteur belge est comme son nom l'indique issu d'une famille russe,c'est même le petit-cousin de l'écrivain Vladimir Nabokov,l'auteur de "Lolita".Notes et critiques de films d'Eric Judor publiées précédemment:"La tour 2 contrôle infernale"-5,"Seuls two"-6.Moyenne:6,3.

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le 11 oct. 2024

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