Procès de Jeanne d'Arc par Boubakar
n voyant ce film, la première chose auquel j'ai pensé, est le cinéma de Bruno Dumont ; dans ses interviews, il se réclame de Bresson, et c'est vrai que ça ressemble beaucoup à ce que je voyais dans Flandres (amateurs, pas de musique, un certain immobilisme dans la mise en scène, un vrai sentiment de vérité). Lors de ma première vision de celui-ci, ces détails-là m'avaient déplu, mais à la revoyure, le cinéma de Tarkovski étant passé par là, je suis devenu inconditionnel de ce style de mise en scène.
Et c'est exactement ce que j'ai vu dans le film de Bresson, qui m'a complètement sidéré par la sècheresse de sa mise en scène, qui rend le film assez rapide à suivre, car l'essentiel du procès, ainsi que la fin de Jeanne d'Arc nous est montré sans fioritures. Et, la durée du film justifiant cela, on est presque sur sa faim quand surgit le générique, et les dernières paroles de la Pucelle ("Dieu", "Dieu"), dont une interrogation subsiste dans le procès pour savoir si elle est réellement vierge.
Et que dire de l'interprétation, si ce n'est qu'elle est formidable ? Florence Delay compose un très beau rôle, mais son apparente froideur lui donne une pureté virginale à laquelle la "comédienne" donne une très belle force, aussi bien dans le caractère que dans sa farouche volonté à s'opposer à ses "bourreaux" (elle restera assez évasive lors de son procès, sur l'apparition des Saints ou sur ses raisons profondes).
Le reste des acteurs n'est pas en reste, mais ils sont clairement éclipsés par cette beauté froide, qui se dirigera vers le bûcher d'un ton ferme afin de rejoindre Dieu.
En quelques mots, voilà pourquoi j'ai adoré ce film, certes obscur pour beaucoup, mais que j'ai trouvé au bout du compte limpide.