La méthode Bresson est mise au service dans ce "Procès de Jeanne d'Arc" de deux éléments exceptionnels qui vont la transcender au long de la (très) courte heure du film : d'abord la lettre des deux procès de Jeanne, étonnante de précision et ouvrant pourtant sur un abîme vertigineux où foi religieuse et mysticisme inflexible se confrontent nus à la volonté politique criminelle de l'église et du pouvoir anglais, et ensuite l'imaginaire collectif de la Nation Française qui a fait de Jeanne d'Arc l'une des plus pures icônes de notre Histoire, et qui fait de sa condamnation et sa mort au bûcher un perpétuel exorcisme. Face à cela, le choix bressonien de l'évidence et de la simplicité est clairement le meilleur, offrant au spectateur le répit nécessaire à la compréhension de ce qui se joue sur l'écran et en lui-même. [Critique écrite en 2005]