Quel meilleur sujet pour une caméra naturaliste qu'un adieu difficile entre un passionné et sa profession ?
Le premier des 4 principaux plans-séquences du film constitue les dernières séances avec des patients de longue date et donne le ton dès les premières minutes. Nous faisons face à leurs inquiétudes quant à la retraite du professeur Yamamoto. C'est un adieu difficile, pénible voire dénié à certains moments, à la fois par les patients qui veulent garder contact et par le psychiatre qui laisse la porte ouverte. Le tout à travers la lentille de Kazuhiro Soda qui ne manque jamais de capter les émotions à peine dissimulées sur les visages de ces personnes qui viennent de perdre quelque chose d'unique.
Le reste du film se concentre plus sur la vie au foyer de Professeur Yamamoto et, sans que jamais ça ne soit explicité, la maladie dégénérative de sa femme. Contrairement à l'exposition, parfois maladroite, de certaines fiction, ici nous la découvrons à travers des séquences difficiles à digérer où la moindre action du quotidien devient une sorte d'épreuve et où les testés travaillent en tandem dans une dynamique de dialogue de sourd.
Il se concentre aussi sur le passé lors du troisième principal plan-séquence et s'offre un vent de positivité. Contés par l'amie de toute une vie de sa femme, les récits de leurs jeunesses, entremêlant nostalgie et bienveillance devant une Madame Yamamoto impuissante face aux souvenirs qui ne remontent décidément plus, sans jamais que l'on discerne ce qu'elle ressent.
Malgré quelques longueurs qui peuvent déplaire, mais qui dans mon cas sont les bienvenues dans ce genre de narration, c'est un film qui nous offre une fenêtre sur un évènement unique : le dénouement de relations complexes tissées sur des décennies entières.
Ce film fait énormément de bien, un rappel que l'humanité est aussi capable du meilleur.