J’ai donné des coups de fil, envoyé des textos, posté sur Discord, j’ai assuré que je paierai ma bière après le film… J’ai même proposé des faveurs sexuelles, mais non, rien à faire, nonobstant mon effroyable charisme, personne n’a voulu m’accompagner à la projection.
Faut dire aussi que je fréquente des gens de goût, que l’estampille France Télévision rebute. Je les comprends, c’est un peu comme si c’était écrit « OK boomer » sur l’affiche. C’est vrai aussi que la bande annonce donne envie de fuir à toutes jambes. Pour aller cultiver des pingouins en Antartique par exemple. Ou encore, pour aller chasser le caribou en Laponie.
Cette dernière image convient parfaitement à la situation d’ailleurs: je crois encore au Père Noël, fou que je suis. Je crois encore et toujours au miracle. A un film produit par nos chères chaînes télé, bénéficiant par suite inévitable de l’avance sur recette que c’est nous qui paye, qui ne serait pas une grosse merde destinée à remplir le prime time dans six mois à grand renfort d’auto-promo, et qui serait vu in fine par les pauvres victimes qui regardent encore la télévision je vise personne.
Enfin donc, j’avais un tout petit espoir d’un semblant de début d'embryon de cinéma. Mais non. Néant total. Rien, niente, nimic, nada. The void. Un trou noir sans singularité. De l’anti-matière cinématographique. Je peux pas en dire plus. Je vais me coucher, tout abruti de médiocrité. Si l’idée d’aller voir ce machin vous traversait l’esprit, j’emprunterai à un célèbre barbu, non pas Karl Marx, son injonction définitive: « Fuyez, pauvres fous !! »...