Je vais, légitimement, ne pas être (du tout) objectif, car plus je vois ce film, plus je l'apprécie et plus je me dis qu'il reste terriblement d'actualité sur bien des aspects et si bien foutu.
Nous sommes fin 50's, à l'aube du "Miracle italien", et nombre d'autochtones pour survivre immigrent dans une RFA, comme on disait à l'époque, qui redécolle déjà économiquement, faire des boulots de merde, honnêtes (ou pas) pour survivre.
La collision fortuite entre Renato Salvatori, brave ouvrier toscan, nostalgique de son terroir et Totonio (Sordi en pleine forme dans plusieurs registres) et sa clique de VRP transalpins est violente.
Ensuite, nous naviguons avec l'immense talent de documentariste de Rosi et l'exceptionnel casting dans l'univers des jours froids et des nuits chaudes citadines (et payantes) de ces Magliari.
Avec finesse, sans pathos, mélo ou misérabilisme, avec parfois une froide lucidité on circule du cimetière au Copacabana et autres lieux sordides en suivant cette armée brancaleonesque pas drôle.
Sans doute, la partie sentimentale du truc, avec la météorite Belinda Lee est la moins réussie mais c'est pas le truc de Rosi.
Reste un vrai docu, avec les débuts du rock à Hambourg (et son quartier rouge, ses polaks à moto...), d'époque.
Le génie de Sordi réussi parfois à nous faire sourire (ou trembler) dans ce maelstrom de personnages médiocres, largués et/ou si peu recommandables.
A voir d'urgence pour les fans des susnommés, cette œuvre oubliée annonce la maitrise de "Main basse sur la ville" et les autres Rosi que je vous conseille plus que jamais. :-)