Le cinéma coréen est un cinéma dont on peut manquer parfois à coté de la surenchère de cinéma américain qu’on a (surtout quand Mickey 17 est repoussée et que ta dernière expérience de ce genre était Peninsula…). La bande-annonce avait l’air de proposer quelque chose malgré qu’on avait plutôt tendance à attendre un long-métrage avec un virus infestant les chiens plutôt qu’à ça (déjà-vu certes mais pas forcément inintéressant). Enfin, le visionnage nous fait ressortir avec un constat assez moyen, voir décevant. En vrai, on avait un concept qui se tenait sur le papier et qui faisait un peu espérer mais on a l’impression de ressortir déçu de cette expérience, surtout quand celui-ci a été sélectionné au festival de Cannes hors compétition (comme Peninsula, tiens tiens… )
Positif
- Cha Jung-Won (Lee Sun-kyun) est le secrétaire d’état de la maison bleue et il est chargé d’assurer que son patron sera le prochain président du pays. C’est un homme qui met plus en avant ses affaires que sa famille en se méfiant de tout le monde mais il est vrai que c’est un protagoniste qui se tient. Après, c’est également son évolution à vouloir protéger sa fille qui va le mettre un peu plus en avant.
- Cha Kyung-min (Kim Su-An) est la fille de Cha Jung-Won, c’est une adolescente qui parle peu à son père et conserve des objets importants ayant appartenu à sa mère, pas mal. Rien de grandiose mais elle demeure assez compréhensible dans sa personnalité et son attachement à certains de ses objets.
- Docteur Yang (Kim Hee-Won) est le chercheur du Project Silence, c’est un homme intelligent mais assez banal qui cherche juste à arrêter ces chiens en connaissant bien le danger malgré qu’il soit facilement défaitiste.
- En terme d’évolutions, ce sont surtout celle de quelques personnages seulement. Que ce soit pour Cha Jung Won par rapport à ses affaires et sa fille, la relation familiale des deux sœurs ou le docteur Yang par rapport à ce projet, on a réellement quelques évolutions intéressantes.
- En terme de symbolisme, on a des éléments intéressants comme celui de la famille pour Cha Jung Won et sa fille, surtout avec le fameux livre de sa mère qu’elle aimerait à tout prix garder avec elle. En tout cas, le symbolisme a quelques petits éléments intéressants.
- Le final est intéressant en terme d’analyse. Sans spoiler, en voyant cette fin, on arrive à se poser quelques questions par rapport à ce qui s’est passé sur le pont. Peut-être la porte ouverte pour une suite mais rien n’est dit pour le moment.
- Le long-métrage démarre par des plans d’expérience en laboratoire sur des chiens. C’est une introduction assez classique mais assez intrigante pour nous donner envie d’en savoir plus sur ce qu’ils leur font et ce que ça va provoquer.
- Il est vrai qu’on arrive à être un peu surpris par ce qui se passe. La manière dont ils tentent de s’en sortir, les origines des chiens et du programme… C’est peu mais il est vrai que ça nous surprend un peu.
- Les costumes ne sont pas importants mais ils définissent assez bien chacun des personnages, malgré que ce soit des vêtements de tous les jours.
- Les décors sont assez simples mais efficaces. La plupart des décors sont sur le pont mais ils arrivent à nous convaincre sans trop de difficulté.
- Les musiques ne sont pas exceptionnelles mais elles collent assez bien avec ce qui se passe à l’image.
Négatif
- On se demande si les personnages ne font pas exprès d’être stupide des fois. Par exemple, quand l’équipe d’intervention arrive et dit qu’elle n’a pas aperçu les chiens et donc qu’ils se seraient enfuis, comment ? Un coté du pont est détruit et infranchissable et l’autre a du gaz toxique ! Et puis, dans le cas où ils se seraient réellement enfuis, vous ne vous êtes pas dit que la priorité serait de protéger les civils avec un barrage ? C’est un détail mais ce passage où ils pensent que les chiens ont fui est réellement débile quand on y réfléchit.
- La plupart des personnages sont assez oubliables en fait. On a le couple de vieux qui est un peu attachant mais rien de plus, les deux sœurs (Yoo-Ra et Mi-Ran) qui ont des difficultés à s’entendre à cause de leurs métiers (golfeuse et caddie) et on a le dépanneur (Ju Ji-Hoon) qui est rapidement soûlant mais qui, au moins, finit par devenir plus utile que les autres (même si il traîne son chien inutile en permanence)
- En général, quand un groupe se forme, on est censé ressentir de la cohésion qui s’installe petit à petit, mais pas ici. Ici, on a jamais de réelle cohésion qui s’installe entre eux, juste un moment où ils collaborent tous pour enfermer les chiens. Mais bon, c’est dommage qu’il manque cette petit forme de cohésion, dû au fait qu’on ne s’attache pas assez à tous les personnages du groupe.
- Il y a quelques moments un peu prévisibles, notamment par rapport aux chiens. En fait, on voit facilement venir que le plan ne marchera pas car nous, contrairement aux personnages, on a pas oublié que E9 n’obéit plus aux ordres depuis le début. Enfin, ça reste des passages un peu prévisibles, rien de plus.
- Pour le coup, ce n’est pas que le jeu d’acteur est mauvais mais on sent qu’il n’est pas totalement investi en permanence. On arrive même à voir que certains acteurs et actrices s’ennuient lors de certaines séquences. Dommage que le jeu d’acteur varie entre le passable et le raté.
- Les effets spéciaux sont vraiment discutables pour 2024. Franchement, avoir un long-métrage avec des effets spéciaux qui se voient autant fait un petit peu mal aux yeux. Enfin, c’est supportable mais on voit trop que ce sont des FX.
- La mise en scène est assez banale. Rien de mauvais en soi mais rien de transcendant non plus. Seuls les derniers plans du long-métrage semblent avoir réellement gérer la mise en scène, mais la plupart du temps, c’est moyen.
- Est-ce qu’on ressent de l’émotion pour nos personnages ? Bizarrement non. En fait, malgré les tentatives, on a du mal à ressentir de la réelle émotion pour les différents personnages qu’on suit.
- La tension est mauvaise, on y croit jamais. Même en s’étant un petit peu attaché à certains des personnages, on a du mal à réellement ressentir de la tension pour nos personnages.
!!! PARTIE SPOIL !!!
Lors du final, on voit E9 qui sort de l’eau avec un de ses petits qu’elle a sauvé et on la voit regarder le pont en s’interrogeant. Déjà que le fait de nous faire ressentir ce qu’elle ressent à travers ses regards marchent, là on arrive à se poser des questions. Est-ce qu’elle va insister sur sa vengeance envers les humains, et ce malgré qu’elle ait vu une petite fille tenter de sauver son père malgré les risques ? Est-ce qu’elle va abandonner et vivre sa vie en ayant tiré une leçon ? Difficile à dire mais cette interrogation se pose et en demeure intéressante.
E9 est le premier sujet de l’expérience et elle cherche à faire payer les humains pour ce qui est arrivé à ses petits. Ce n’est pas étonnant que l’armée et les scientifiques ont pas mal de sang d’animaux sur les mains avec ce genre d’expérience. En tout cas, on comprend totalement sa motivation de se venger des humains, même si ils ne sont pas tous pareils. Surtout pour des chiens clones dressés technologiquement pour traquer sans relâche et tuer des assassins.
Au final, Project Silence ne semble pas nous donner un long-métrage si intéressant que ça. En fait, c’est même un long-métrage qui finira sûrement oublié avec le temps. On a beau avoir des décors convaincants, quelques personnages attachants et du symbolisme qui marche, ça ne suffit pas. La moitié des personnages sont inintéressants, la tension est inexistante et les effets spéciaux sont réellement critiquables. Bref, c’est la curiosité qui fait qu’on peut avoir envie de le regarder mais cette curiosité fera place à l’oubli quand le visionnage sera passé.