Un Prométhée en passions je suis

C’est le souci quand tu découvres un film avec 5 ans de retard, t’as oublié l’engouement et donc la déception qu’il a pu susciter. Ça a le mérite au moins de ne pas influencer mon avis, et c’est déjà beaucoup.

Mais ceci n’est pas une critique, c’est un plaidoyer.

Si vous voulez lire une critique, lisez celle-ci :
https://www.senscritique.com/film/Prometheus/critique/34246687
Ou bien celle-ci :
https://www.senscritique.com/film/Prometheus/critique/10266010

Parce qu’après avoir lu maintes autres critiques du film sur SC, je me rends compte que y'a une belle tripotée de débiles sur ce site (soyons cru) qui se pensent intelligents à lister ce qu'ils nomment des "incohérences scénaristiques" mais qui ne sont pas capables de se concentrer sur le fond et d’apprécier le film à sa juste valeur : une superbe réalisation, des plans magnifiques, une photographie froide subjuguante et des effets visuels somptueux. Alors oui il y a quelques invraisemblances, actions/réactions malaisantes et facilités scénaristiques, mais globalement, ce ne sont pas celles évoquées … parce que pour leur immense majorité, elles sont la résultante d’inattentions et/ou d’incompréhensions.
Pour ma part, je suis volontiers passé outre les quelques réelles incohérences, parce que c'était prenant voire même fascinant, et que je veux foutrement en voir plus.

Prometheus est un film ambitieux qui marque le retour gagnant de Ridley Scott dans l’univers où il est roi : la science-fiction. Un film imparfait il est vrai, mais dans lequel je vois plus un chef d’œuvre qu’il aurait fallu peaufiner.
On espère d’un film de SF qu’il nous fasse rêver et Prometheus le fait magnifiquement bien, prônant fièrement une puissance d’évocation inégalée, et distillant ici et là des questions dévorantes laissées sans réponse.
Ça faisait très longtemps que je n'avais pas ressenti ce "encore, encore!" fourmiller en moi en découvrant un film.

Si j’écris ces lignes, c’est donc pour faire face, même s’il est trop tard, à ce torrent de critiques fort peu gratifiantes qu’a connu le film, et qui me semblent véritablement exagérées.

Bref, ça prendra la forme d’un listing, point par point, reprenant ou corrigeant ce que j’ai pu lire ici et là …
- D'abord, ne pas comprendre qu'on n'est pas sur la même "planète" que dans Alien : Le 8ème Passager, c'est grave, vraiment ... 'fin j'sais pas, ça me laisse béat. Même « 85 » l’aurait compris, et je ne sais du coup plus pourquoi je reviens sur ce point …
- Pareil, si t'as pas compris que la substance noire modifiait le code génétique de tout être vivant, t'as du dormir pendant le film, ou rêvasser ici et là le temps de quelques plans, comme celui sur les vers qui trainent autour des jarres pour commencer, ou pire, dès la première scène … tu m'étonnes que t'as pas aimé le film !
- Le rapport Ingénieur-Humain / Humain-Androïde est foutrement intéressant, mais mentionné nulle part ou presque dans vos critiques. Euké, c'est pourtant une des artères principales du film.
- La base découverte a été "décimée" il y a 2000 ans. 2000 ANS !? je ne sais pas, ça ne vous saute pas aux yeux vous ? Jésus il a été crucifié quand ? ah mais oui couillon, c'est quand même hyper porté catho ce film ... et toi tu ne t'es jamais demandé pourquoi après nous avoir créé ils ont voulu nous détruire ? non ? bon ... tu fais le lien là ?
- Tiens d’ailleurs, en parlant de crucifixion, ça ne vous fait pas penser à l’Alien qu’on voit représenté sur le mur derrière le tombeau ? … oh wait !

Pour les détails qui vous chiffonnent :
- On vous parle à tort et à travers de « terraformation », vous vous doutez bien qu'ils s'en balek de se poser sur une nouvelle planète, ce n'est certainement pas la première et encore moins la dernière. (enfin si pour le coup, pour eux ... si)
- Et non, ils ne tombent pas directement à l’endroit recherché : ça dure peut-être seulement 30 secondes mais y’a une flopée de plans montrant qu’ils survolent la planète avec tout un tas de paysages différents.
- Pour Guy Pearce et son maquillage : il est si catastrophique que ça ce maquillage ? Je ne trouve pas, du tout : http://urlz.fr/5gao ... Cela dit il aurait pu chercher un vieux le Ridley, c'eut été plus simple. À moins qu'il n'ait besoin d'un Guy Pearce jeune à l'avenir ?
- Vu la dose de "calmants" (morphine ?) qu'elle s'injecte, ok elle devrait pas gambader comme elle le fait la petite Shaw ... mais c'est un film, et un film de SF qui plus est. D'ici 100 ans, la médecine aura bien évolué. NB : juste comme ça, y'a 100 ans, les antibiotiques on ne connaissait pas.
- J'ai lu 2-3 ahuris évoquer la stérilité de Shaw et partir dans des théories fumeuses quant à sa maternité ... on parle pourtant à droite et à gauche de contamination dans le film. Les MST vous connaissez ? Le mec est infecté, il contamine sa gonz' au pieux, voilà, c'est tout. Une infection qui se transforme en parasite, après tout pourquoi pas. C’est du niveau du sang Alien acide physiologiquement parlant, mais pourquoi pas. C’est de la SF encore une fois !
- Pour tous les gadgets présents sur le Prometheus et pas sur le Nostromo 30 ans plus tard, ça peut faire tache ok, on n’est pas raccord ok, mais bon ... de 1, 1979 vs 2012, de 2, on compare quand même un vaisseau scientifique suréquipé (cf medipod Pauling) à un vaisseau spatial commercial.
- Tout ce qui est en lien avec le Darwinisme, oubliez, c’est pas le propos, c’est même ouvertement rejeté dans le film, ici c’est du créationnisme, que ça vous plaise ou non. Et c’est un athée forgé dans la plus pure des logiques scientifiques qui vous parle. C’est un film de SF bordel (je me répète) !
- Pour le DNA match, je cite « leurs gènes sont antérieurs aux nôtres, nous venons d’eux » … tout est clair ! "Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement - Et les mots pour le dire arrivent aisément."
- Tout ce qui concerne de près ou de loin David est très flou, ses intentions, ses connaissances, tout. Donc décrier ses faits et gestes est vain. Par contre, ils sont logiques, et ça c'est incontestable.
- Ah, et en parlant de David, pour ceux qui disent que sa tête ne bouge pas d’un millimètre avant et après le crash : http://urlz.fr/5gap (avant) VS http://urlz.fr/5gaq (après)
- Quant aux faits de mentionner toutes les réactions cons des personnages face au danger … franchement, dans tous les Alien on en a eu, pourquoi ça vous chagrine ici plus qu’ailleurs ? Parce que y’en a trop ? Bwarf … même la scène du crash où les gonzesses courent en ligne droite ça passe, ça m’a fait sourire en tout cas. En fait c’est ça, vous parvenez à vous insurger de choses qui ne vous ont pas plus titillé que ça par le passé dans d’autres épisodes, parce que la majorité ne l’a pas fait. Le film est sorti durant l’été, je crois que la source du problème est là.
…

Bref, je pourrai continuer comme ça longtemps avec mon ton condescendant.

Au final, le seul truc gênant, c’est de se taper 327 000 milliards de km en seulement « 2 ans, 4 mois, 18 jours, 36 heures et 15 minutes » ou plutôt 2 ans, 4 mois, 19 jours, 12 heures et 15 minutes … ce qui signifie qu’en 2093, on ira beaucoup plus vite que la lumière, et ça c’est un peu abusé. Ou sinon on a prouvé l’existence des trous de ver et on sait les utiliser, mais ça aussi c’est abusé. P’tet même les deux, et alors là c’est un chouilla too much abusé. Mais là encore ... "c'est de la SF !"

Véritablement, le fait que le scénario soit trop simpliste ici et là au sein d’un film qui se veut méticuleusement alambiqué ne devrait pas suffire à déchainer un tel flot de critiques négatives à son encontre.
Parce que oui, les qualités intrinsèques sont réelles.
Tant pis pour vous, moi j’ai pris mon pied, en passions je suis un Prométhée.