Big things have small endings.
Depuis que nous sommes mômes nous avons tous eu cette envie insupportable de savoir qui était le space jockey, autrement dit le curieux pilote fossilisé que nous pouvions voir dans le vaisseau au début du premier opus d’Alien. Depuis 1979 toutes les théories ont vu le jour, d’un nombre incalculable et presque unique selon chaque spectateur. Puis la nouvelle est tombé, Ridley Scott allait enfin répondre à toutes les questions que nous nous posions. Mais des fois ne vaut-il mieux pas que ce qui est secret le demeure, afin de mieux entretenir le mythe ? C’est une certitude, et Prometheus en est l’exemple le plus parfait.
Prenez la qualité d’Alien premier du nom, c’est réussir à mélanger un vide en terme d’action à une ambiance terrifiante. Celle d’Aliens est toute autre, c’est le gigantisme des scènes d’actions mêlées à des effets-spéciaux qui créaient un choc à l’époque.
Prometheus c’est juste le mélange parfait de ce qu’il ne fallait pas faire, on pose un vide intersidéral que l’on couple aux effets-spéciaux les plus avancés à l’heure actuelle et l’on a une belle démo technique dénuée d’intérêt venant cracher au visage d’un mythe et de millions de fans.
En plus de cela, comme si ça ne suffisait pas, tous les éléments pouvant agacer le spectateur s’enchevêtrent à l’infinie. Acteurs insupportables et peu concernés, mal dirigés, rien ne nous avait préparé à ça. Noomi Rapace agace à chacune de ses répliques, et quant à Michael Fassbender c’est à peine si son personnage a la moindre logique. Il marque des paniers en faisant du vélo, mais lorsqu’il s’agit de se déplacer il a l’air de Robocop, ou alors il ne devait pas avoir mis de selle lorsqu’il pédalait, et pour le reste il passe son temps à emmerder les gens et faire l’inverse de ce qu’on lui dit. Partant de ce point de vue on comprend parfois que les créateurs aient une envie de détruire leurs créations. Il y a aussi la jumelle de Fassbender, Charlize Theron, qui n’est pas vraiment sa jumelle puisqu’elle est humaine, mais qui s’est dit que copier le jeu d’acteur d’un robot l’aiderait peut-être. En gros elle a autant d’expression qu’un godemichet et finalement on préfère regarder Fassbender qui arbore sans discontinuer un sourire un peu gland.
Dans la longue liste de tares de casting nous n’oublieront évidemment pas la présence de Guy Pearce qui a été grimé pour ressembler à un vieillard. Anthony Hopkins est mort ? Il refusait de jouer dans une merde aussi mal écrite ? Non il n’y a rien qui pourrait éclairer notre lanterne ?
Evidemment le pire de l’horreur ne se situe pas là, il se situe au niveau du scénario qui a visiblement été écrit par un singe golmon (ou plutôt deux, Jon Spaihts celui qui nous avait servi The Darkest Hour et Damon Lindelof le papa de Lost). Comment peut-on faire autant d’incohérences en aussi peu de temps ? Car rarement en terme de cinéma nous n’aurons vu un niveau de connerie aussi diluvien. Pourquoi Ridley Scott a-t’il choisi une trame aussi compliquée ? Pourquoi ne pas être allé à l’essentiel et livrer une formule simple et efficace comme le premier opus ? Non, Ridley a choisi cette ignominie, et pour éviter de vous spoiler le film on va s’arrêter à la première. Nos petits bonhommes volent au dessus de la planète, un des gars repère une ligne droite et dit « c’est forcément fait par une race intelligente, Dieu ne fait pas de ligne droite ! ». Ils se posent et évidemment toutes les réponses sont là. C’est comme si un général lâchait un bidasse dans le Sahel et lui demandait d’aller trouver son larfeuille qu’il avait fait tomber d’un hélico. C’est invraisemblable, et dans Prometheus c’est au kilo qu’on vous sert de la connerie de ce niveau. Et on ne vous parlera même pas du cliffhanger qui vient prouver à quel point le vieux Ridley est usé, empruntant pour l’occasion à… Alien VS Predator ! (oui oui vous avez bien lu)
Alors oui, s’il y a bien une chose que l’on ne pourra pas enlever à Prometheus c’est sa performance visuelle. Weta et les autres compagnies qui s’en sont occupés ont servi un travail qui renvoie Avatar aux antipodes de la technique. Il suffit de voir les Ingénieurs et la méthode de rendu qui a été développée pour l’occasion. Jusqu’ici la lumière « rebondissait » sur la peau, ici elle pénètre légèrement à l’intérieur comme dans le monde réel, donnant à ces personnages un aspect vivant jusqu’alors jamais atteint. Pareil pour les séquences dans l’espace ou les compositings survoltés lors de destruction filmées de façon panoramique et révélant un véritable soucis du détail. Problème, ce soucis s’est arrêté ici et tout le reste a été bâclé et est venu entacher une mythologie, encore un peu plus que les AvP puisqu’étant une soit-disant préquel et donc affiliée totalement à la timeline de la saga.
Prometheus c’est donc l’une des multiples déceptions qu’a pu nous servir Ridley Scott, qui en 30 ans est passé de génie à destructeur de ses propres créations, et l’arrivée d’un nouveau Blade Runner fait froid dans le dos après cette dernière production.