Quel massacre... Scott avait pourtant toutes les cartes en mains pour réaliser quelque chose d'intéressant et personne d'autre que lui ne pouvait "rehausser" la franchise alien, après le mitigé alien 4 de Jeunet (ça commence à dater...).
Prometheus n'a cependant rien d'un alien, le xenomorphe étant seulement ici suggéré, et préfère s'intéresser à la race extraterrestre des "ingénieurs" (le fameux pilote fossilisé du 1er alien) qui serait responsable de la création de toutes formes de vie, et donc de l'humanité toute entière (rien que ça!).
Je vous invite à lire la critique (positive) de Vincent Rigaud, excellente et intéressante en tous points. Seulement voilà, là où il y voit une réalisation réussie et des idées intéressantes entachées de quelques incohérences, j'y vois à l'inverse un grand "n'importe quoi" parsemé de quelques bonnes intentions.
Ainsi, apprécier ou non prometheus relève selon moi de l'importance accordée aux idées (certes, il y en a) du fondateur de la saga alien, mais aussi aux "erreurs" de mise en scène de ce dernier.
Pour ma part, ces erreurs sont grossières et presque impardonnables lorsqu'on connait le génie potentiel du réalisateur et que nous avons encore tous en mémoire son chef d’œuvre SF indémodable.
Ces "difficultés" (pour rester poli...) seraient dues comme bien souvent à des problèmes liés à la production (changement de scénariste au dernier moment) et au montage/re-montage du film.
Cependant, ces contrariétés n'excusent en rien les comportements absurdes des personnages, le fait que le liquide noir provoque des métamorphoses aléatoires sur eux (c'est la loterie!), que le film suscite encore plus d'interrogations qu'il n'apporte de réponse, qu'un poulpe sorte du ventre de Noomi Rapace lorsqu'elle s'opère elle-même (?), que personne ne se rende compte que l'androïde va trahir tout le monde alors qu'il a une attitude plus que borderline dès le début du film etc...
Pour résumer, c'est un peu comme si Scott avait plein d'idées en tête mais avait été incapable de faire des choix, ce qui s'avère être particulièrement frustrant pour le spectateur, et ce qui donne cette impression "grand guignolesque" pendant tout le film.
La direction d'acteur est également calamiteuse (Bishop, Ripley, reveneeeeez!!!) et seule Noomi Rapace, qui navigue à vue, s'en sort honorablement dans ce joyeux bordel.
"Face Bender" réalise l'exploit de nous faire deviner ses intentions dès le départ avec seulement une expression faciale, Charlize Theron, constipée comme jamais, rivalise avec le poulpe pour obtenir la palme du personnage le moins charismatique du film, et je n'ai absolument aucun souvenir des autres membres d'équipage (c'est pour vous dire...).
L'"ingénieur" n'est finalement qu'un colosse stupide (le mythe en prend un sacré coup) qui se fera étrangler bêtement par le poulpe, qui a grandi de 3m entre-temps sans que personne s'en aperçoive...
Les personnages "se séparent" sans aucune raison lorsqu'ils pénètrent dans un vaisseau pourtant inconnu et hostile (Scott avait pourtant évité cette connerie monumentale dans son film d'origine).
Fassebender est un traitre (ah merde, je l'ai déjà dit, mais "comme d'habitude" me direz-vous, c'est écrit sur sa tronche).
Les personnages infectés par le liquide noir sont soit transformés en zombie, soit ont un poulpe dans le ventre, soit deviennent très violents, soit ont un arrêt cardiaque (no comment...).
La liste est longue mais je préfère m'arrêter (par respect pour Scott, qui est un réalisateur que j'admire par ailleurs), et 2 hypothèses pourraient expliquer en partie comment le créateur d'alien et de blade runner a pu en arriver là:
- Ou il a volontairement bâclé le travail comme un immense doigt d'honneur adressé aux studios, au public et même à sa mythologie d'origine.
- Ou il a tout simplement perdu son génie, qui s'est progressivement étiolé avec l'âge, et se retrouve avec une multitude d'idées, muries au fil du temps, mais qu'il n'est plus capable de mettre en scène avec cohérence.
"Mr Scott, promettez-moi d'arrêter, il est temps de passer la main"...