Prometheus se voulait une exploration ambitieuse des origines de la saga Alien. Malheureusement, il se révèle être un véritable désastre cinématographique, dont seule la performance de Michael Fassbender en David, ainsi que les décors somptueux, évitent de sombrer totalement dans l’oubli.
David est sans conteste le meilleur élément du film. Interprété par Fassbender, ce personnage synthétique dégage une froideur machiavélique, calculateur et psychopathe, un robot dont la mimique humaine frôle souvent la "vallée dérangeante". Fassbender joue ce rôle avec une précision glaciale, insufflant à son personnage une impitoyable efficacité dans ses interactions. Son comportement vis-à-vis des humains, qui oscille entre mépris et manipulation, renforce cette impression troublante. Bien qu’il n’y ait pas de grandes exigences émotionnelles pour ce rôle, Fassbender parvient à captiver.
Les décors du film constituent un autre atout majeur. Riches, fastueux et créatifs, ils évoquent des environnements dignes d’un hôtel de luxe cinq étoiles, un contraste frappant avec l’atmosphère industrielle et oppressante des précédents volets de la saga. Leur splendeur visuelle est indéniable, mais ils paraissent souvent déconnectés de l’univers sombre qu’a établi H.R. Giger.
Au-delà de ces rares points positifs, le film frôle ce que l’on pourrait appeler du "terrorisme cinématographique". Le scénario, semblant avoir été écrit lors d’une soirée alcoolisée en une vingtaine de minutes, est d’une incohérence rare. Les personnages, caricaturaux à l’extrême, sont si bêtes, naïfs et inutiles qu’ils donnent l’impression d’avoir été insérés uniquement pour servir les facilités scénaristiques. Leurs actions absurdes déclenchent des événements sans aucune logique, et leur manque de profondeur rend leur sort absolument inintéressant.
La protagoniste principale, quant à elle, est tellement naïve et crédule qu’il est difficile de ne pas vouloir lui administrer une gifle à travers l’écran. Les personnages de la famille Weyland, censés incarner les rouages de l’univers managérial des entreprises, sombrent dans la caricature la plus ridicule. La prothèse utilisée pour représenter le père Weyland est à peine digne d’un téléfilm de bas étage, sapant toute crédibilité.
Les conflits père-enfant, qu’ils soient littéraux ou métaphoriques, sont mal écrits, ennuyants et totalement hors de propos dans l’univers Alien. Ces thématiques auraient peut-être trouvé leur place dans les péplums de Ridley Scott, mais ici, elles s’intègrent aussi maladroitement qu’une clé carrée dans une serrure ronde.
Les soi-disant menaces extraterrestres n’apparaissent qu’après une heure de film, et leur conception est aussi fade qu’oubliable. Les quelques monstres présents manquent cruellement de créativité et n’ont rien à voir avec les créations angoissantes et viscérales de Giger. Ils semblent à peine reliés à l’univers esthétique et psychologique des films originaux, lesquels instauraient une ambiance de pénétration et de psycho-horreur qui faisait tout le charme de la saga.
Enfin, les considérations philosophiques et pseudo-intellectuelles sur la nature humaine, le créationnisme ou le but de la vie n’ont absolument rien à faire dans un film Alien. Ridley Scott, visiblement en pleine crise de la soixantaine, tente d’imposer une profondeur déplacée qui alourdit inutilement l’intrigue. Ces tentatives, aussi vaines que pompeuses, trahissent non seulement l’essence de la saga, mais également les attentes des fans.
En conclusion, Prometheus est une véritable trahison de l’héritage Alien. Ce film, et sa suite encore plus insipide, salissent une saga qui se distinguait par son ambiance unique et ses réflexions subtiles sur la survie. Ce long-métrage est à éviter à tout prix. Passez votre temps à faire le ménage dans votre chambre, cela sera infiniment plus gratifiant que de supporter deux heures de cette catastrophe cinématographique.