Plongée sans retenue dans les méandres de l'esprit tourmenté et malade, cette adaptation animée de la BD éponyme d'Alberto Vázquez s'avère être une virée fantasmagorique hors du commun à ne pas mettre devant tous les yeux. Car Psiconautas narre la dangereuse aventure de trois gosses désespérés de quitter leur île gangrenée par la misère et rencontrant pour cela moult personnages peu recommandables tandis qu'un oiseau dépressif et drogué essaie de découvrir le but de son existence torturée, le tout donc dans un univers animalier anthropomorphe. Non, ce n'est pas pour les enfants.
Telle une fable moribonde, âpre et très brutale par instants, déconcertante à d'autres, la balade est sans concession, allégorie sordide d'un monde terriblement humain, terre de bas instincts et de faiblesses difficilement surmontables. Autour d'une animation originale, au design parfois décontenançant, Alberto Vázquez et son comparse Pedro Rivero (qui avaient déjà mis en scène la BD sous la forme d'un court-métrage en 2011) explorent les tréfonds de l'âme rongée par la dépendance à travers une histoire finalement touchante, non exempte de rebondissements et d'obstacles qu'aurait osé relever la clique des Goonies.
Limpide en dépit de ces nombreuses histoires intimement liées, envolée malgré l'atmosphère lugubre prédominante, cette quête à choix multiples ne laisse aucunement de marbre, prouvant que l'animation ibérique en a sous le capot, capable de délivrer des longs-métrages sombres et adultes non dénués de poésie et de réflexion poussée. Une petite perle hallucinée et enivrante, réduite sur l'affiche à un simple "Entre Lewis Caroll et Guillermo del Toro", une accroche quasi-mensongère tant le tout est relativement plus proche des délires ultra-violents de Ralph Bakshi ou encore Gregg Araki.