Après avoir dynamiter le genre du film de zombie avec 'Dernier train pour Busan', le réalisateur Yeon Sang-Ho propose un projet à l'exécution plus modeste, mais tout aussi passionnant. A la manière de 'Hancock', 'Yeomryuk' détourne les codes des films de super-héros avec beaucoup d'humour, mais apporte également un éclairage amer sur la société sud-coréenne.
La fracture des classes transpirait déjà dans 'Busanhaeng', et le réalisateur reproduit dans 'Yeomryuk' la figure du chef d'entreprise dangereux responsable du malheur des autres. Le personnage de la directrice est sensationnel et l'actrice Jung Yu-Mi est formidable. Le réalisateur en profite également pour dénoncer un modèle corrompue et rongée par la paranoïa nord-coréenne dans des séquences tout à fait cocasses.
L'oeuvre est en effet très drôle, notamment grâce au sympathique acteur principal Ryoo Seung-Ryong qui n'hésite pas à livrer ses pires grimaces lorsque son personnage utilise son pouvoir (la fermeture de la porte). Accompagné d'une bande-originale au ridicule assumé (la séquence de la cravate-serpent), le long-métrage prend une tournure de comédie séduisante.
Pour autant, le récit n'hésite pas à noircir le ton. Le personnage de Shin Roo-Mi est très touchant (la scène d'introduction est très astucieuse), la relation père-fille est plutôt réussie compte tenu du temps imparti, et l'injustice de la conclusion laisse un goût amer.