Ca y est, finalement cédant à la tentation et combattant tous les préjugés, j'ai finis par le voir. Et je dois avouer qu'une partie de ma note est truquée. Enfaite, deux parties pour être précis. Car Psycho est un film d'une finesse rare, qui, comme l'ensemble de l’œuvre d'Hitchcock, marquera à jamais l'histoire et les codes du cinéma. Ajouté à cela le nombre impressionnant de scènes cultes et vous perdez toute possibilité d'être surpris. Il faut donc voir ce film très jeune si on veut vivre le suspense. Malheureusement, ce ne fut pas mon cas : la scène de la douche, du psychiatre et les 10 dernières minutes, tout cela, je connaissais déjà. Bien évidemment, je ne pouvais profiter du film comme d'un premier visionnage car toutes les surprises, je les connaissais déjà. Forcément, cela enlève des points, pour la simple et bonne raison que je ne sais pas à quel point j'aurais été surpris.
De l'autre côté, je ne connais pas à quel point le film était révolutionnaire au plan technique, la narration était-elle si nouvelle ? La manière de cadrer, de filmer ? Je ne sais pas vraiment, une scène ou deux, bien entendu, j'ai compris la révolution technique que ça représentait, mais de manière général, je ne peux juger. Malheureusement, ce film est "trop vieux". En effet, j'ai un énorme trou dans ma culture cinématographique entre 1940 et 1970, alors, tout ce qu'il y a au milieu, et bien, force est de constater que je ne sais le juger.
Du coup, que me reste-t-il pour profiter du film ? La tension et la narration. Et pour un fétichiste de cette dernière, je dois avouer avoir bien pris mon pied. 1heure et 40 minutes plus tard, on a pas vu le temps passé tant tout est bien amené. On vit chaque scène, on ressent chaque scène, même si, tout comme moi, on sait, dès le premier visionnage, ce qui va se passer ! C'est tout bonnement incroyable d'avoir un tel talent, de mettre une telle puissance dans ces moments là.
Vraiment, la force du film est cette tension, ce suspense et cette narration, on est assailli d'émotion, je ne dirais pas d'angoisse mais on rentre dans le film, pour savoir comment cela va s'enchainer. En même temps, on peut regretter que le début joue plus sur ce qu'on s'attend à être fait et qui n'est pas fait que sur un enchainement réel de problème. Le but est bien évidemment de nous forcer à ressentir une vraie empathie pour l’héroïne mais on peut se demander si il n'y a pas une légère exagération de cela ?
La qualité de l'image est très bonne, quelques plans, pourtant simples sont renversants, et je ne mentionne même pas les "plans légendaires" devenus cultes par leur esthétisme à couper le souffle.
Pour ce qui est des acteurs, je dois reconnaitre que la majorité m'ont laissé de glace. Ou plutôt, disons que plusieurs personnages importants sont quand même joués de manière assez moyenne (Vera Miles, John Gavin, pardonnez moi, mais rentrez chez vous). Mais à côté de ça, on a plusieurs acteurs de qualités plus que supérieure. Janet Leight est ... WHOUA ! That's a woman ! Je n'ai pas peur de le dire, c'est ce genre de femme qui est l'image de la femme ! Martin Balsam, John McIntire et Lurene Tuttle m'ont aussi fait une vive impression, je les ais trouvé très bien. Mais surtout, surtout ... Anthony Perkins ... Je ne suis pas du genre à utiliser le mot de génie à la légère, mais le film c'est lui ! Il est capable d'offrir un panel d'émotions tellement vaste, il est vraiment excellent. Objectivement, la moitié des points du film viennent de lui tant la complexité de son personnage est tout à fait honoré par lui.
Le film d'ailleurs a un scénario très bon, qui, comme je l'ai dit, à une narration parfaite, mettant à la fois en avant l'enquête et la complexité du cas psychiatrique. On appréciera donc cette double-subtilité de la part d'Hitchcock. Un scénario aussi soigné, c'est vraiment incroyable.
Petit bémol au niveau de la bande-son, si j'ai trouvé les thèmes principaux très sympas, j'ai regretté un manque d'unité avec le traitement de l'image pour la plupart du temps. Je pense qu'il s'agit plus d'une critique liée à l'époque qu'à ce film, mais je l'ai quand même ressenti.
Ais-je pensé à dire sinon que les décors étaient également incroyable ?
Bref, malgré deux-trois petits légers défauts ce film mérite effectivement sa réputation de chef d'oeuvre. Si on peut regretter certains points comme je l'ai dit, on ne peut nier qu'en matière d'interprétation (pour Perkins), de scénario, de tension, ou de narration nous sommes face à une des meilleures œuvres de l'histoire du cinéma.
J'avais prévu de mettre 8 au film, en écrivant la critique j'hésite pour le 9, mais je me dis qu'il faut plutôt rester sur un ressenti, ça sera donc un 8.