Quatre ans après le moyen ‘’Psycho III’’, des exécutifs se sont dit que ce serait une bonne idée de faire une nouvelle suite. Mais cette fois avec un traitement différent et original. Anthony Perkins reprend alors son rôle de Norman Bates, et à la réalisation est placé Mick Garris. Sauf que le film n’est pas assez bon pour le cinéma, et il est diffusé sur Showtime. Voilà où en est la franchise en 1990 : réduite à un vulgaire téléfilm.
Dans le siège de réalisateur se trouve Mick Garris, un cinéaste médiocre dont les plus grand fait de gloire au cinéma sont le médiocre ‘’Critters 2’’ en 1988, le bof ‘’Sleepwalkers’’ en 1992, et c’est tout. Il est aussi connu pour les téléfilms ‘’The Stand’’ en 1994, et ‘’The Shinning’’ en 1997. Et pour être à l’origine de la série ‘’Masters of Horror’’.
Mick Garris c’est un type qui se présente comme un fin connoisseur du cinéma horrifique, et comme l’un de ses éminents représentants. Sauf que c’est un cave, incapable de donner une l’ampleur à ses réalisations, Même à la télévision il propose des trucs moyens. Il n’arrive jamais à sortir du lot. C’est une sorte d’arnaque, un type insupportable qui ne se prend pas pour n’importe quoi, et se permet de critiquer ouvertement de nombreuses productions, auxquelles il ne peut rivaliser.
Mick Garris est un personnage assez détestable, pédant et hautain, avec une estime de soi qui défonce les plafonds. Du coup, lorsqu’il réalise un film, un téléfilm où un épisode de série, c’est sans pitié qu’il est possible d’aborder des œuvres souvent oubliables, et toujours médiocres. Et ce n’est pas ce bien triste ‘’Psyco IV : The Beginning’’ qui prouvera le contraire.
Pour commencer, cette nouvelle suite ne prend pas en compte les deux précédentes. C’est une suite directe au premier ‘’Psycho’’, En ce sens le film utilise toute l’ambiance sonore créée par Bernard Hermann. ‘’Psycho II’’ et ‘’Psycho III’’ passent complétement à la trappe. Tout commence avec Norman Bates au téléphone, en pleine discussion avec une animatrice radio, à laquelle il fait des confidences. Le récit est agrémenté de flashback sur la jeunesse de Norman.
Dans ces flashback Norman est interprété par Henry Thomas, le Elliott de E.T, qui à part ce rôle n’a rien fait d’autre de notable, et s’est révélé comme un comédien finalement assez médiocre. Il ne rend ainsi pas service à l’aura créée autour de Norman Bates, auquel il ne parvient pas à donner une véritable texture terrifiante. C’est assez mal joué, donc assez difficile à suivre, puisque l’ensemble du métrage est plus ennuyeux qu’autre chose.
C’est dingue de se dire qu’en l’espace de 30 ans un chef d’œuvre comme ‘’Psycho’’ soit devenu le premier volet d’une franchise, s’enfonçant inlassablement dans les méandres de la série B nauséabonde. Au point de finir à la télé. Une dégringolade spectaculaire posant des questions légitime sur la nécessité de faire des suites. Bien sûr elles n’impactent en rien l’original, demeurant une œuvre indépendante de ses trois séquelles. Mais il est difficile d’ignorer le fait qu’elles existent, Elles sont présentées, et se veulent toute dans l’héritage.
Sur un ton très sérieux, l’humour et le second degré des deux précédentes réalisations sont totalement absents, remplacés par un premier degré imperturbable, planant sur un ensemble de scénettes n’ayant rien à raconter. L’échange entre Norman et l’animatrice est d’une platitude que les flashbacks ne parviennent pas à relever. Ils essayent d’expliquer comment Norman est devenu un serial killer redoutable. Mais ça ne fonctionne pas, car à trop vouloir expliquer, le film en vient à justifier son attitude, par un retournement de situation douteux. Alors que c’est bien un sociopathe hardcore.
Mais nan, le téléfilm de Mick Garris cherche à expliquer à tout prix comment Norman est devenu Bates. Ce qui est nul car le meilleur des précédents volets c’est justement le fait d’ignorer les tenants et les aboutissants de sa folie. Même si dans les deux précédentes suites il y a une tentative un peu vaine d’expliquer les origines du personnage, ça n’occupait pas l’essentiel du récit.
Servit par des acteurs moyens et une mise en scène plate et nulle de la part de Garris, jamais il ne parvient à capter une tension ou un suspens. Aucune scène n’est flippante, dans une œuvre qui se veut pourtant la suite d’un métrage ayant imposé les bases d’un genre. Qui en 1990 est certes déjà mort. C’est là la preuve d’une fainéantise intellectuelle rare, doublée d’un foutage de gueule en bonne et due forme.
Au vu de ce quatrième épisode, une réflexion pointe sur le fait qu’il apparaît comme mieux d’occulter les trois suites de ‘’Psycho’’, afin de ne conserver que le chef d’œuvre d’Hitchcock pour ce qu’il est. Une œuvre unique fonctionnant parfaitement bien dans son unité. Si le 2 est sympas, il reste amplement dispensable. Mais alors pour ce qui est du 3 et du 4, là on est en droit de rentrer dans une amnésie volontaire pour tenter d’oublier leur existence.
Moralité, ‘’Psycho’’ c’est génial, c’est un grand film, visuellement magnifique, une expérience de cinéma rare, très moderne pour une œuvre rare, réalisé en 1960. Mais surtout elle à une place très particulière à une époque où montrer ce qu’Hitchcock met à l’écran est novateur, car jusque-là interdit. Une œuvre magistrale qui survole largement les années, et s’avère plus moderne que certaines œuvres récentes. À commencer par ses propres suites oubliables. Afin de ne conserver que le souvenir vibrant d’un chef d’œuvre initial tel que ‘’Psycho’’.
Ps : Comme toutes les réalisations de Mick Garris, il est conseillé de regarder ce téléfilm sur des toilettes. C’est mieux en période de gastro, mais c’est aussi un bon moyen de se purger.
-Stork._