La série m'avait vraiment marqué par la profondeur des thèmes abordés et le côté noir sans concession utilisé pour les traiter. C'est pourquoi j'ai été assez surpris par la fin qui me semblait en total décalage avec le message porté jusqu'alors par l'oeuvre. Ce n'est qu'après quelques minutes de recherche que j'ai découvert qu'un film faisait suite à la série (en vrai c'est le troisième film d'une trilogie dont les 2 premiers volets sont des versions compressées de la série) et que celui-ci offrait une fin bien plus satisfaisante à qui était préparé à être démoli. Et bordel, qu'est-ce qu'ils avaient raison.


Pour reprendre rapidement sans spoiler, PMMM est un animé qui reprend les codes du Magical Girls pour nous entraîner vers une réflexion bien plus profonde sur le passage de l'enfance à l'âge adulte avec le chamboulement des valeurs tout en veillant bien à ne jamais tomber dans le manichéisme. Ici, le fait d'être une Magical Girl, une "élue", est plus une malédiction qu'autre chose et on voit ces pauvres petites fillettes être consumées. La série s'attarde surtout à jouer sur la fine ligne qui sépare espoir et désespoir, en impliquant que la perte de l'enfance entraîne avec elle la perte de nombreux espoirs et nous mène vers de nombreuses désillusions qui sont accompagnées de responsabilités sur lesquelles on a l'impression d'avoir difficilement prise. En bref, plus que la cruauté des maléfices qu'elles combattent, c'est la cruauté de la vie (en plus de leur statut de Puella Magi) qui mènent les héroïnes à leur perte ; l'exemple le plus frappant étant sans nul doute Sayaka, tout le monde se souvient de cet abandon à la folie colérique qui glaça le sang de plus d'un.


Le film va plus loin, et s'il est indispensable d'avoir vu la série pour comprendre le film, il me semble tout aussi indispensable de voir le film pour comprendre l'ampleur véritable de la série. Dès le départ, le film nous emmène là où on ne l'attend pas, j'ai même failli croire à une sorte de "film réalité alternative" pendant les 30 premières minutes avant de voir que quelque chose ne collait pas. Pendant un long moment, le film reste sur les mêmes bases que la série à la différence que c'est le personnage de Homura qui est au centre ; et cette fameuse Homura, qui nous a fait vivre tant et tant de sentiments contradictoires durant la série, n'en a vraiment pas fini avec nous. Le film reste sur ces mêmes bases pendant un certain temps, jusqu'à la fin du combat final même. Et alors que l'on pense voir le film s'achevait, on est en proie aux doutes car le film semble faire la même "erreur" que la série mais en pire puisqu'il nous offre une scène d'épiphanie assez absurde sortie de nul part. Et là, boum. Tout se renverse et les 15-20 dernières minutes s'appliquent à déchirer notre esprit autant que notre cerveau. Pour essayer d'être simple et non-spoileur, l'oeuvre étend ses notions à celle du bien et du mal, rien que ça, tout en rejetant tout manichéisme (non ça n'est pas paradoxal ^^). En appuyant toute sa réflexion sur la complexité du personnage de Homura, il fait passer les déchirements de la perte de l'enfance par l’ambiguïté de l'amour où égoïsme et tendresse se côtoie. Homura,


qui devient l'égale de Madoka


, incarne une version plus contrastée et plus noire de l'humanité ce qui offre un contrepoint au symbole d'espoir que Madoka représente depuis toujours et qui dominait dans la fin de l'animé.


On finit donc le visionnage en se maudissant car on a eu la fin dont on rêvait, on ne savait juste pas qu'elle serait aussi difficile à accepter. Au-delà de ça, la direction artistique qui faisait la réputation de la série est ici sublimée, j'ai une fois de plus était époustouflé par l'originalité et la créativité des animations qui racontent tant de choses, d'autant plus qu'ici ça porte extraordinairement bien l'intrigue ; bon, on a toujours l'impression d'être sous acide mais ça a franchement du bon. Bref, une conclusion magistrale pour une oeuvre majeure qui risque de me hanter pendant bien longtemps. J'ai toujours eu un faible pour ces contes initiatiques qui illustrent la douloureuse épreuve du passage à l'adolescence/âge adulte et avec Puella Magi Madoka Magica, on peut dire que j'ai vraiment été servi.

LeJezza

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4

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