S'inspirant à la fois de certains éléments de sa jeunesse (l'infidélité soupçonnée de son père) et des assassinats ayant frappés la communauté gay dans les années 70 (ce qui donnera plus tard le film Cruising), Brian De Palma livre ici une de ses oeuvres les plus jusqu'auboutistes d'un point de vue formel, qui se verra d'ailleurs expurgée de quelques plans aux USA et écopera d'une interdiction aux mineurs pour sa sortie en France.
Construisant son long-métrage autour de séquences mythiques du cinéma d'Alfred Hitchcock, Brian De Palma accouche avec Dressed to Kill d'un hommage référencé à ses maîtres, une sorte de relecture extrême et puissamment sexuelle de Psycho. Empruntant aussi bien au papa de Vertigo qu'au giallo à la Dario Argento, De Palma illustre avec un érotisme explicite les tourments d'une femme mariée (merveilleuse Angie Dickinson), en proie à une sexualité ne demandant qu'à s'exprimer pleinement.
Jouant constamment avec les apparences, Dressed to Kill nous offre un jeu du chat et de la souris délicieusement pervers et voyeuriste, mis en scène avec une maestria évidente par un cinéaste s'éclatant comme un petit fou, multipliant les séquences cultes et les tours de force. Il dresse également le portrait peu reluisant d'une société incapable d'assumer ses pulsions et ses désirs.
Si l'on pourra reprocher à Brian De Palma d'en faire parfois trop (l'ultime rebondissement), Dressed to Kill parvient magistralement à se réapproprier ses lourdes références afin de donner naissance à un thriller psychanalytique diabolique, parfaitement incarné par ses comédiens, dont on retiendra surtout Michael Caine et Nancy Allen.