Un psychiatre, une jolie patiente qui souffre de fantasmes érotiques, une call-girl témoin d'un meurtre horrible, une tueuse blonde... voila en gros les ingrédients d'un thriller diabolique signé par De Palma qui reste de toute évidence un de ses meilleurs, alors qu'il est dans sa période hitchcockienne, car je trouve que l'étiquette "épouvante-horreur" accolée à ce film est un peu excessive, c'est bel et bien un thriller, qui donne des frissons certes mais un thriller avant tout, sans aucun doute le plus hitchcockien de De Palma par son atmosphère et ses références, dont la scène de la douche du début est la plus évidente. Sauf que cette scène chez De Palma prend une sensualité troublante, c'est l'époque qui veut ça, les moeurs ont évolué, on est en 1980.
Pulsions est un peu dans le style de Blow Out que De Palma réalisera un an plus tard, et même de Body Double en 1985, c'est à dire vénéneux, angoissant, inquiétant, effrayant. En tant que fervent admirateur d'Hitchcock, De Palma lui rend hommage et revisite ici tous ses thèmes : l'illusion, le double, l'obsession, la fascination du meurtre, le sexe... avec son style personnel où l'effet de choc, la violence des rebondissements, l'ambiance étouffante et malsaine maintiennent un angoissant suspense. Il tire habilement les ficelles d'un récit assez embrouillé comme il se doit, ouvre de fausses pistes, joue avec les nerfs du spectateur, et utilise toutes les ressources d'une technique pleine de brio pour traquer les "pulsions". Le seul petit défaut étant quelques fastidieux bavardages qui ralentissent un peu le rythme, sinon c'est une bonne dose de frissons et de perversion en compagnie d'un casting superbe : un Michael Caine troublant, une Angie Dickinson encore très désirable (même si la scène de la douche a nécessité une doublure nue), et Nancy Allen à la silhouette très sexy (et épouse à l'époque du réalisateur), sans oublier l'acteur fétiche Dennis Franz qu'on retrouvera dans Blow Out.