Pulsions
7.4
Pulsions

Film de Brian De Palma (1980)

Au commencement était une fin.

L'inéluctable fin d'un couple ordinaire, déclin intimement pressenti dès la scène introductive. Alors que pesante musique et caméra louvoyante s'emploient à annihiler toute forme d'érotisme ou d'innocence chez cette inconnue – la condamnant d'emblée à un destin peuplé d'à-peu-près, d'autosuggestion, de compromis et d'amour bâclé, de psychanalyse au rabais – en vain car, par ses fantasmes désespérés elle affirme sa soif de vie, son fol amour de l'existence et son désir bien légitime de frissonner, ressentir, son refus encore indécis d'une vie morose, prémices d'une inévitable explosion, terrifiante d'humanité.
Cette humanité, anodine en apparence, est pourtant salvatrice. Le trait est grossier, facile, outrancier, volontairement exubérant. Mais la puissante identification aux personnages, renforcée par l'emploi massif de la caméra subjective, approfondi le contexte et subjugue les sens le temps d'angoissantes et dramatiques séquences.
S'installe alors une méfiance de tous les instants, même les plus anodins, le mal est partout. Du péché initial, fondateur, se nourrissent les perversions filiales, cruelle et funeste descendance.
Si le mystère est en apparence vite dissipé, demeurent les faux-semblants et intrigues propres aux tortueuses pensées humaines. Les miroirs sont omniprésents, tantôt accusateurs, tantôt mensongers, porteurs et instruments de l'image offerte aux autres.
Ainsi, le couple sans histoire avoue vite ses douloureuses faiblesses, névroses exacerbées chez Kate dont le moindre écart – fantasme, tromperie ou aveu – est source de troubles fatals. À contrario, Liz, prostituée aux libres mœurs, s'avère sensible et douce, n'offrant son vrai visage qu'à de rares élus, tel cet adolescent solitaire avec qui elle formera un inébranlable tandem. Dans un univers sale et obscur, c'est d'elle que viendra la timide lumière libératrice.
Maître incontesté d'un premier degré érigé en art de réaliser, De Palma s'offre tous les poncifs et clichés du genre avec un plaisir non dissimulé. Nulle originalité mais une efficacité bien réelle, amour du cinéma communicatif. Il ne faut espérer aucun chamboulement mais apprécier à sa juste valeur un travail minutieux et un sens du cadrage et de l'esthétique réels.
D'une narration cyclique naît une perte de repères déstabilisante. S'y ajoute une réflexion sur les rêves et fantasmes, amenée par les échanges lourds de sens avec le psychanalyste, venant parfaire la désorientation. Chaque explosion de violence se charge alors de l'espoir libérateur d'une rupture de ce cercle infernal et éprouvant. Mais l'accalmie qui s'en suit n'est elle-même qu'illusion et amorce d'un nouveau cycle.

A la fin, un commencement.
-IgoR-
7
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le 28 mai 2014

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-IgoR-

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